Les Allemands ont fini par se réveiller.
Quelques semaines que les anti-islam de Pegida défilent dans plusieurs villes d’Allemagne pour protester contre l’islamisation rampante de la société. On pourrait arguer que le droit du sang met de côté des générations d’immigrés qui n’ont pourtant plus grand-chose à voir avec le pays d’origine de leurs parents. Ces défilés sont probablement un mélange de peurs face à l’évolution de la société, à un islam plus « visible » et surtout à une économie qui laisse de côté les plus faibles et les moins armés pour un marché du travail de plus en plus compétitif. L’Allemagne a une population vieillissante et un taux de natalité très faible qui fait que la population est pour le moment face à un inévitable déclin. De quoi créer une angoisse. Et comme les musulmans sont les boucs émissaires rêvés, particulièrement en France, notamment par les propos d’Éric Zemmour et consorts, le mouvement Pegida est sorti de l’ombre et a manifesté son rejet de l’autre.
Pour peu que le mouvement ne s’essouffle rapidement et disparaisse aussi vite qu’il est apparu, des contre-manifestations se sont mises à fleurir un peu partout en Allemagne. Un réveil citoyen salvateur, si l’on va au-delà de la guerre des chiffres. Les anti-Pegida, plutôt que d’aller à la confrontation, ont eu une réaction saine et intelligente : ils ont invité au dialogue. Si l’islam est un problème pour certains, il faut alors en parler. Pour mieux comprendre ce qui angoisse et inclure les principaux concernés, les musulmans, dans un dialogue constructif.
Cette série de manifestations et contre-manifestations pourrait avoir un dénouement heureux. Les membres de Pegida ne changeront pas tous d’avis et ne loueront pas tout à coup les bienfaits d’une société multiculturelle allemande, mais le camp d’en face a très bien réagi. Ne serait-ce que pour que les musulmans allemands ou résidant en Allemagne ne se sentent pas chassés. Et qu’enfin on s’attaque aux vrais problèmes, qu’on ne se contente plus de pointer du doigt des boucs émissaires faciles.
De notre journaliste Audrey Somnard
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