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Editorial – C’est Mickey qui a gagné

Qui se souvient de l’histoire d’Arthur Andersen ?

En 2002, cette société faisait partie du « Big Five », les cinq plus importants cabinets d’audit du monde, avec KPMG, Ernst & Young, PricewaterhouseCoopers et Deloitte. Mais la chute d’Enron allait entraîner celle d’Arthur Andersen, impliquée dans la manipulation des résultats financiers de la compagnie électrique texane. Douze ans plus tard, les quatre rescapés forment, ô surprise, le « Big Four ». Soit quatre cabinets d’audit qui défrayent la chronique depuis un mois dans le scandale LuxLeaks, quatre sociétés dont le chiffre d’affaires annuel cumulé frôle les cent milliards d’euros. Leur mission ? Améliorer les performances de leurs clients. Dans tous les domaines et avec l’aide d’armées de consultants choyés pour explorer au mieux les failles des systèmes.

Les montages fiscaux mis au jour par le Consortium international des journalistes d’investigation illustrent l’efficacité du « Big Four ». À l’image de leurs clients, s’affranchissant de l’éthique et de la morale, ils parviennent chaque année à maximiser les profits du secteur privé au mépris des États. Le tout, dans la plus parfaite légalité. Ne voir dans le « Big Four » que les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse serait oublier que ces sociétés ne sont que les fruits de l’époque. Une époque dans laquelle Walt Disney gagne des milliards sur le dos des enfants du monde entier, mais se garde bien de participer à leur éducation ou à leur santé en payant simplement ses impôts. Une époque dans laquelle les profits ne servent plus que les dividendes des actionnaires. Une époque qui veut que le moindre centime versé à un État soit un centime indu.

Le « Big Four » a compris que la cupidité des uns servait l’avidité des autres. Il le facture au prix de l’or, mais ses services sont de platine. Cette économie parallèle et légale crée un cercle vertueux de croissance, une bulle de richesse éloignée des problèmes d’États en crise et de populations en souffrance. Tout va bien dans ce monde et Mickey n’a pas fini de se marrer.

De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin

 

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