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Editorial – Al-Kassasbeh ou la reconquête

L’exécution du pilote jordanien Maaz al-Kassasbeh, enfermé dans une cage et brûlé vif après avoir été aspergé d’essence, marque sans doute un tournant dans le combat contre Daech.

Car l’État islamique s’est attaqué à un musulman sunnite et a voulu utiliser, une nouvelle fois, l’horreur pour servir sa propagande. Sauf que Daech se réclame de l’islam sunnite et a massacré un de ses frères. Une erreur stratégique, une « communication ratée », pour Abou Bakr al-Baghdadi, le calife de Daech, qui avait demandé aux sunnites du monde entier de lui prêter allégeance, lors de son apparition au monde.

En Jordanie, l’ambition du calife était, jusqu’à l’exécution de Maaz al-Kassasbeh, comprise par certains. Aujourd’hui, le pays entier est uni derrière son aviation, qui a annoncé des frappes contre Daech hier, et son armée, qui pourrait intervenir au sol. Le roi de Jordanie, Abdallah II, a décidé de réagir le plus fermement possible, de se montrer impitoyable contre les barbares. Ancestral œil pour œil et dent pour dent.

L’armée jordanienne n’est pas du genre à devoir être titillée. Elle est considérée par les observateurs comme l’une des mieux préparées du Moyen-Orient, et l’une des mieux équipées. La Jordanie partage une frontière avec l’Irak et peut intervenir facilement au sol. Elle ne le fera pas sans se coordonner avec ses alliés de la coalition, mais la pression est forte, dans le pays, pour que le martyr Maaz al-Kassasbeh soit vengé.

Si le combat terrestre est loin d’être perdu pour Daech, son nouvel acte de barbarie lui a fait perdre une sérieuse bataille idéologique. La très respectée et millénaire institution sunnite Al-Azhar (basée au Caire) a appelé, par la voix de son grand imam, Ahmed el-Tayeb, à « tuer » ou « crucifier » les « terroristes » de Daech.

Après avoir perdu la ville de Kobané, symbole de son combat, Daech est sur le point de perdre la bataille des idées. Abou Bakr al-Baghdadi et ses sbires sont allés trop loin dans l’horreur. Leur discours ne passe plus qu’auprès d’une bande d’illuminés. Le martyr de Maaz al-Kassasbeh sera peut-être le symbole de la reconquête.

De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin


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