Dans les rues de Vilnius, où nous avons suivi la délégation luxembourgeoise en visite, le désir d’Europe est palpable. En Europe occidentale, l’Union européenne est un repoussoir. Les partis populistes s’en servent comme d’un épouvantail et, souvent, ça marche.
Épouvantail à gauche, quand les troupes de Mélenchon demandent qu’on retire le drapeau européen de l’Assemblée .Épouvantail à droite, quand Sebastian Kurz n’évoque l’Europe que pour parler de frontières. On finit par ne plus voir que les défauts de l’UE. On ne va pas remonter à l’après-guerre, on ne va pas évoquer une fois de plus l’esprit des Schuman, Monnet ou Adenauer.
Il faut parler concrètement et raconter les espoirs d’ailleurs. En Lituanie, «Europe» est synonyme de démocratie. Le petit État, qui a adhéré à l’UE en 2004, regarde le petit Luxembourg avec envie : peu importe la taille, celui qui a des idées peut peser. Maintes fois, nos interlocuteurs nous ont rappelé que nous avons des institutions importantes sur notre territoire, comme la Cour de justice de l’UE. En Lituanie, «Europe» est synonyme de non-violence.
L’Europe est un espace où l’on ne s’envahit pas, où l’on n’est pas obligé de se regarder en chiens de faïence. L’Europe, enfin, c’est la croyance en un avenir prospère, malgré toutes les imperfections (le chacun pour soi dans le volet social) et les lenteurs administratives.
En Lituanie, nous avons marché sur des trottoirs cassés, nous avons vu des bus hors d’âge et des barres d’immeubles tristes comme la pluie. Mais nous avons senti un pays européen dans la mentalité, pionnier comme nous avons oublié de l’être, nous les enfants gâtés de l’Ouest.
La Lituanie a les crocs. La Lituanie en veut, comme son équipe de basket sur les parquets (la présidente, Dalia Grybauskaite, a d’ailleurs un ballon dédicacé dans son bureau…).
En Lituanie, nous avons vu un pays qui, fort de son sentiment d’appartenance à une grande Union, veut parler d’égal à égal avec ses voisins. Même les plus grands (la Russie), même les moins enclins à la démocratie (le Belarus). Et nous sommes certains que c’est pour leur parler de paix.
Hubert Gamelon