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Édifiante leçon

En Grèce, il n’y a pas de sécurité sociale. Quand un jeune n’a pas de travail, il vit de la retraite de ses grands-parents. L’austérité enfonce les gens dans la pauvreté», dit Sigmar Gabriel. «Il manque la dimension sociale à l’Europe», renchérit Jean-Marc Ayrault. «En Grèce, le taux de chômage des jeunes atteint 41 %, c’est inacceptable», s’emporte Jean Asselborn.

Trois ministres des Affaires étrangères ont longuement débattu de l’Union européenne et de son avenir, lundi, devant des lycéens, à Luxembourg. Tous trois ont fait le constat alarmant d’une Europe en perdition, dénonçant l’absence de cohésion et de solidarité entre États, fustigeant concurrence sociale et divisions, manque de règles communes et mépris des valeurs humaines dans la crise des réfugiés. Ils sont tous trois d’accord : il faut sauver la maison commune, mieux faire, rapprocher l’Europe des préoccupations des citoyens, la mettre au service du bien-être général.

C’est beau. Et cocasse de la part de trois dirigeants en responsabilité depuis de nombreuses années. Deux d’entre eux, l’Allemand Sigmar Gabriel et le Français Jean-Marc Ayrault, dirigent les diplomaties des deux premières puissances européennes. Les larmes de crocodile versées par Gabriel et Asselborn sur le sort des Grecs sont pathétiques venant de représentants de gouvernement qui n’ont de cesse d’enjoindre aux Grecs de se serrer la ceinture, quel qu’en soit le prix à payer. Il est indécent d’entendre Jean-Marc Ayrault s’en prendre à la Hongrie pour sa politique d’accueil des réfugiés, alors que la France se montre si peu accueillante. Mais, on le sait bien, c’est toujours la faute aux autres.

Lundi soir, le constat dressé par Jean Asselborn, Jean-Marc Ayrault et Sigmar Gabriel est d’abord celui de leur propre impuissance. Le constat de leur échec à mettre leur action en adéquation avec leurs paroles. «Nous devons commencer à dire la vérité sur l’Europe», a encore lâché Sigmar Gabriel. Parce que jusqu’à présent ils nous mentaient? Édifiante leçon pour les lycéens invités à assister au débat.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)