Le Luxembourg prendra demain la présidence de l’Union européenne pour six mois. Une demi-année où il faudra plus que jamais «placer le Luxembourg sur la carte», comme on aime souvent le dire au Grand-Duché. Mais en a-t-on seulement les moyens et l’envie?
Xavier Bettel, le Premier ministre, a rendu hommage, à l’occasion des 30 ans de l’accord de Schengen, à ces politiques de second rang qui s’étaient alors battus pour que l’espace Schengen devienne une réalité là où l’élite de la classe politique n’y croyait pas une seule seconde. Ce courage existe-t-il encore ? Y a-t-il des politiques encore prêts à prendre des risques en soutenant un projet dont les Européens fêteraient le trentième anniversaire en 2045, etc.
Même une Européenne convaincue comme Viviane Reding souligne avec lassitude que plus personne n’a d’appétit pour changer quoi que ce soit au sein de cette Union. L’on se dit qu’une Europe politique forte n’est pas près de voir le jour et que Xavier Bettel n’a pas les épaules pour écrire l’histoire européenne en six mois. Une «Histoire» en passe d’être écrite par Alexis Tsipras, son homologue grec.
Demain, Athènes pourrait être en défaut de paiement, ouvrant grand la porte à une sortie du berceau de la démocratie de la zone euro. L’Europe va donc abandonner à son sort le peuple grec qui pensait naïvement que cette Europe était solidaire. Cette grande Europe forte, créée sur des valeurs communes, s’est embourbée dans la finance et la politique. Quel message le Grexit va-t-il donner à des pays comme le Portugal ou l’Espagne qui tentent de ne pas plonger?
Les citoyens rêvent d’être fiers d’une Union qui prenne des décisions rapides et fortes sur des sujets graves comme les migrants ou l’octroi d’une rallonge au peuple hellénique. Au lieu de ça, nos politiques se regardent le nombril et sortent des calculettes afin de savoir qui va payer l’addition. Vous savez, un peu comme quand vous êtes au restaurant avec vos amis et qu’au moment de payer on se regarde pour savoir qui va payer le vin et le supplément de féta.
Au passage, que devons-nous fêter demain? Le premier jour de la présidence luxembourgeoise ou bien le premier jour de la faillite grecque?
Jeremy Zabatta