Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Ce proverbe français, cité hier par Yves Cruchten (LSAP), pourrait aussi servir de devise pour la gestion de la pandémie. Confrontés à un virus imprévisible, les responsables politiques ont eu le plus grand mal à prendre des mesures équilibrées pour protéger à la fois la santé publique et les libertés fondamentales. Qui, lors du nouvel an 2020, aurait pensé qu’à peine trois mois plus tard tout un pays serait placé en confinement forcé ?
Tout cela semble très loin en cet été 2022. Le virus n’a pas disparu, les querelles politiques non plus. Les incohérences supposées dans les décisions prises par le gouvernement demeurent le point d’attaque préféré des partis d’opposition. Règles trop strictes, allègements trop précoces, mesures discriminatoires, manque de proportionnalité… La liste est longue. En fin de compte, seules les levées de restrictions majeures (réouverture de l’Horeca, fin du 3G, fin du port du masque, etc.) ont fait l’unanimité. Offrir est toujours plus simple qu’interdire.
La pomme de discorde est aujourd’hui le veto provisoire à l’obligation vaccinale. ADR, déi Lénk et Parti pirate n’ont pas manqué de fustiger, hier, une «volte-face» du Premier ministre. En janvier, Xavier Bettel avait jugé le vaccin obligatoire comme «incontournable». Il s’était basé sur la très claire revendication du groupe d’experts. Le même Xavier Bettel s’est retrouvé, auparavant, sous le feu des critiques pour ne pas avoir suffisamment écouté les scientifiques. Son «rétropédalage» est toujours basé sur un avis scientifique actualisé. On retrouve ici l’essence même de la science qui ne cesse d’évoluer.
En ce qui concerne l’obligation vaccinale, on peut toutefois reprocher au gouvernement de ne pas avoir soumis plus tôt un texte informel à la Chambre. Le dépôt juste avant les vacances d’été rend illusoire la possibilité que les travaux soient clôturés en septembre, voire en octobre. Contrairement aux lois covid tranchantes, la majorité, soutenue cette fois par le CSV, semble plutôt dresser un écran de fumée. Cette impression est renforcée par le fait que plus personne ne dit croire qu’une obligation permettra de vraiment convaincre les plus virulents opposants à la vaccination.
Le vaccin obligatoire ne passe pas