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Écologie : un G7 unanime

À quoi sert le G7 ? La question se pose chaque année dans les pays où se réunit ce club de sept pays parmi les plus les plus riches de la planète. Et des plus pollueurs aussi, car Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni rejettent à eux seuls plus d’un quart des gaz à effet de serre émis dans le monde. Leurs ministres de l’Environnement étaient réunis dimanche et lundi à Metz, la France assurant en 2019 la présidence du G7.

Hormis d’être très coûteuse et d’avoir mobilisé d’extravagantes forces de l’ordre, la réunion n’a débouché sur aucun résultat tangible, si ce n’est des mesurettes qu’aucun des pays ne sera tenu d’appliquer. C’était couru d’avance et le sommet n’a fait que confirmer le désaccord entre les États-Unis et ses partenaires sur le dérèglement climatique. Il serait donc commode de faire endosser le rôle des «bad boys» aux Américains. Mais au moins, sur le climat, ils se gardent de l’hypocrisie de leurs homologues pour qui l’écologie est surtout affaire de propagande.

La France, le pays hôte, fournit un exemple édifiant de cette duplicité. De la hausse des rejets de CO2 au projet dévastateur de la Montagne d’or en Guyane, en passant par la simplification des procédures d’aménagement du territoire au détriment des espèces protégées, la France fait le contraire de ce qu’elle prêche. Lundi, son ministre de la Transition écologique, François de Rugy, n’a eu cesse de s’alarmer du rapport sur la chute de la biodiversité publié le jour même sous l’égide de l’ONU. Mais a soigneusement tu le fait que Paris a fait pression pour en faire supprimer la mention aux peuples autochtones, dont la contribution à la sauvegarde de la biodiversité est capitale. Les sept grands ont tenté de peser chacun à leur façon sur les conclusions de l’étude. Mais il a dû leur échapper qu’elle attribue la responsabilité du désastre à la poursuite effrénée de la croissance économique, condamnant ainsi le modèle de production marchand dont le G7 est le fer de lance. Mais de la remise en cause de ce modèle, il n’a pas été question à Metz. Au moins, sur ce point, il y avait unanimité.

Fabien Grasser

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