Que de chemin parcouru depuis le sommet de la Terre à Rio en 1992. Les nations assemblées s’étaient alors juré de stopper le changement climatique induit par les activités humaines. Mais plus de la moitié du CO2 émis depuis le début de l’industrialisation l’a été depuis cette date. De manière générale, les émissions de gaz à effet de serre décollent depuis 2017. C’est l’assurance d’étés caniculaires devenant la norme. En 2050, au Luxembourg, le mercure affichera 50 °C en période estivale.
Que de chemin parcouru depuis 1992, quand les nations assemblées se liguaient pour sauver la biodiversité. Depuis, la sixième extinction des espèces est avérée. Contrairement aux précédentes, elle avance à marche forcée : cent à mille fois plus d’espèces périssent que lors des extinctions précédentes, comme celle des dinosaures. Le mouvement s’accélère, ravage les écosystèmes dont dépendent nos vies. En cause, principalement, la destruction des habitats naturels et l’agriculture intensive par son addiction à la chimie toxique. Depuis hier, 1er août, la planète a atteint le «jour du dépassement», quand nous avons consommé davantage que ce que la Terre peut nous offrir en un an. En 2017, c’était le 3 août. D’année en année, le couperet tombe plus tôt.
Ces chiffres et avertissements brûlants assortis de prescriptions urgentes sont assénés depuis des décennies et désormais chaque jour dans les médias. Tout le monde sait et pourtant on fait tout le contraire… de ce qu’il faudrait faire. Mais que faudrait-il au juste faire? Nos leaders politiques et économiques nous disent qu’il n’y a pas de solution miracle face à une humanité toujours plus nombreuse, avide de consommer dans la société de l’«avoir» qui s’impose à tous. Ils nous disent que c’est à chacun de faire sa part. Peut-être devrions-nous leur répondre que nous n’attendons pas de magicien, juste de la cohérence, de la responsabilité. Qu’il faut, ici et maintenant, cesser de projeter de nouvelles autoroutes, des industries – même digitales – engloutissant nos ressources, qu’il faut interdire qu’on nous vende à prix d’or ces gadgets high-tech à la durée de vie crapuleusement réduite. Oui, en effet, que chacun fasse sa part.
Fabien Grasser