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D’une révolution à l’autre

Ce week-end, le quartier de Belval, que se «partagent» les communes d’Esch-sur-Alzette et de Sanem, a célébré deux vieux géants endormis. Deux monuments d’acier façonnés par la main de l’homme et qui ont nourri l’histoire du Grand-Duché.

L’épopée sidérurgique du Luxembourg a, le temps de deux petites journées, repris vie de façon symbolique au pied des deux hauts-fourneaux grâce au Fonds Belval. Coulées de fonte hypnotisantes, flammes brandies par les participants… les deux témoins de cette aventure industrielle ont sûrement ouvert un œil pour voir ce qui pouvait bien causer tout ce remue-ménage. Et ils ont dû être surpris !

Autour d’eux, l’ancienne usine sidérurgique est devenue un quartier d’habitation avec ses tours massives abritant logements et bureaux. La gare et ses formes tout en rondeur cohabitent maintenant avec les grands et anguleux immeubles de l’université. Un peu plus loin, un lycée a déployé ses bâtiments près du quartier de Belval-Nord qui pousse et prend vie avec ses nouveaux habitants. Qui aurait pu dire qu’à cet endroit l’acier était autrefois coulé par une armée de métallurgistes dans la chaleur suffocante des grands hangars ?

Heureusement, non loin des deux hauts-fourneaux, le four électrique de l’aciérie d’Esch-Belval toute proche continue de cracher le précieux métal pour le Grand-Duché. L’aventure de l’acier continue. Mais le nouveau venu au Luxembourg peut être fortement déstabilisé : non pas en voyant le contraste de deux mondes qui se font face à Belval, mais en apprenant que le pays s’est construit et a grandi tout d’abord grâce aux mines et aux usines sidérurgiques, à ses mineurs et à ses métallurgistes.

Tout découle de cette seconde révolution industrielle qui est née à la toute fin du XIXe siècle. Cette aventure était industrielle, comme nous l’avons dit, mais aussi économique, humaine et sociale. Et elle n’a pas duré quelques années seulement ! À l’heure où une troisième révolution industrielle semble se dessiner, l’événement organisé par le Fonds Belval ce week-end rappelle le chemin parcouru, mais surtout un héritage à ne pas dilapider.

Laurent Duraisin