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D’une crise à l’autre

L’image était saisissante, ce samedi. Sur l’estrade, un Donald Trump tout sourire et devant lui, des centaines d’Américains. Invités à participer à un meeting au Michigan, tous scandaient : «Le Nobel, le Nobel, le Nobel».

Après l’incroyable détente avec la Corée du Nord et Kim Jong-un, le président américain savoure sa victoire derrière son micro et devant «son» public. «Si on nous avait dit ça il y a trois ou quatre mois», a lancé le président américain à l’auditoire. «Vous savez ce qu’ils (les médias) disaient il y a trois ou quatre mois. Ils disaient : ‘Il va nous entraîner dans une guerre nucléaire.’ Non, non ! La force va nous éloigner d’une guerre nucléaire.» Cette dernière formule lancée sous la forme de slogan a évidemment électrisé les spectateurs venus assister au show de Trump.

Oui, la menace d’un affrontement avec la Corée du Nord semble s’éloigner. Dans quelques semaines maintenant, Donald Trump et le dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, devraient se rencontrer pour parler dénucléarisation de la péninsule coréenne. Reste à savoir si la paix va se concrétiser, connaissant l’instabilité des deux personnages.

Mais nous sommes encore loin du Nobel de la paix… d’autant plus que, dorénavant, la situation entre les États-Unis et l’Iran s’envenime. Le nouveau «faucon» nommé chef de la diplomatie américaine, l’ancien patron de la CIA Mike Pompeo, l’a réaffirmé au Moyen-Orient : l’accord sur le nucléaire iranien, signé en 2015 par Barack Obama, sera déchiré à la mi-mai par le président Trump s’il n’est pas modifié. Le président iranien, Hassan Rohani, a rappelé dimanche que ce document n’était en aucune manière négociable. Si l’accord était rompu par les États-Unis, l’Iran a déjà annoncé qu’il relancerait ses centrifugeuses d’enrichissement de l’uranium avec le spectre de la fabrication d’une bombe nucléaire.

Désolé, très chers amis du Michigan. Pour le prix Nobel de la paix accordé à Trump, il va falloir attendre un peu. Une crise passée, en voilà une nouvelle qui arrive. Et on parle ici encore de menace de guerre nucléaire. Et pas sûr ici que la force seule permette «d’éloigner» le risque de conflit…

Laurent Duraisin