Le rapport de force aura changé lorsque la Chambre des députés vivra sa première séance plénière de la nouvelle année parlementaire, le 8 octobre prochain. Avec l’arrivée de Ben Polidori, qui a claqué en juillet la porte du Parti pirate, le LSAP va gagner un siège et comptera désormais douze élus. Il ne s’agit pas d’un séisme ni d’un changement de composition qui pourrait mettre en danger la majorité formée par le CSV et le DP. Mais le passage d’un député, élu sur la liste et avec le soutien d’un parti, vers une autre formation pose question. Une nouvelle fois.
D’un point de vue strictement légal, il n’y a rien à redire sur ce transfert. Le mandat d’un député, d’un bourgmestre, d’un échevin ou d’un conseiller communal n’appartient pas au parti, mais à l’élu. Cette disposition de la loi électorale a pourtant de quoi interpeller et crée aussi des remous, surtout ces dernières années, où les passages d’un camp à l’autre sont devenus plus fréquents. Les (grands) partis ne semblent toutefois pas vraiment enclins à adapter le cadre légal, même si cette liberté est à double tranchant : soit elle favorise, soit elle pénalise les différentes formations.
Un exemple est le LSAP. Les socialistes ont accueilli à bras ouverts Ben Polidori à la Chambre. C’est aussi le cas de la conseillère Marie-Marthe Muller, qui vient également d’annoncer qu’elle tournait le dos au Parti pirate pour rejoindre la fraction du LSAP au conseil communal de Luxembourg. L’équation était tout autre en juin 2023, lorsque Christine Schweich, ancienne bourgmestre et tête de liste socialiste à Mondercange, avait annoncé vouloir rejoindre les rangs du DP. Le LSAP, à l’image de ce que fait le Parti pirate aujourd’hui, réclamait de récupérer le siège. En vain.
Dans d’autres cas, des mandataires élus sous les couleurs d’une formation politique ont décidé de devenir indépendants. Si cette solution peut paraître plus «propre», le résultat est identique : la perte d’un siège pour le parti d’origine. Au niveau communal, ce genre de scénario a déjà fait basculer des majorités.
Pour mieux faire respecter la volonté de l’électeur, une révision du cadre légal mérite au moins une réflexion plus approfondie, d’autant plus que les prochains scrutins, respectivement les législatives et les communales, n’auront lieu qu’en 2028 et 2029.