Le pays avait connu de fortes chaleurs. Mais celles-là avaient surpris par leur intensité et leur durée. Durant l’été 2003, le Luxembourg s’était transformé en véritable four. Impossible de mettre un pied dehors en journée, impossible de dormir la nuit. La magnifique place de l’Hôtel-de-ville d’Esch-sur-Alzette s’était transformée en gril géant le temps du phénomène. L’air vibrait au-dessus du macadam et personne n’osait s’y aventurer. L’atmosphère était suffocante, irréaliste. Depuis 2003, le choc est passé. Et pour cause : nous avons malheureusement connu bien d’autres périodes de canicule. Elles se sont même multipliées. Aujourd’hui, les services publics se sont adaptés. Ils multiplient les avertissements avant la période estivale et lancent de nombreuses alertes lorsque le thermomètre monte et, surtout, reste à des sommets pendant des jours entiers, des nuits entières.
Nos belles villes ne sont plus aussi accueillantes qu’avant. Les majestueuses façades de pierre et les grandes zones minérales qui marquent les espaces urbains sont désormais regardées d’un œil inquiet dès que les beaux jours reviennent. Le réchauffement climatique est là, n’en déplaise à ceux qui ne veulent toujours pas regarder les données recueillies par MeteoLux et ces records battus presque année après année depuis le début du XXIe siècle. Nos communes vont donc devoir changer. Nous n’avons pas le choix. Les îlots de verdure vont devoir réapparaître au cœur même des cités et non plus se contenter des miettes qu’on leur laisse. Nous ne pourrons plus nous contenter de quelques parcs ou des forêts situées à proximité des grandes concentrations d’habitations. Cela ne suffira plus pour nous permettre de respirer.
Mais le moment n’est pas au pessimisme. Il est temps de réinventer nos villes! Il va falloir se donner les moyens de végétaliser nos rues et de gagner du terrain sur le béton. Il y a beaucoup à faire, mais certaines idées sont déjà là, comme les jardins éphémères qui poussent parfois l’été, l’arrivée de nouveaux arbres dans certains quartiers, des cours d’école qui deviennent des petits coins de verdure… Il faudra aller plus loin et prendre soin d’une nature qui est finalement protectrice jusqu’au cœur même de nos villes.