Éternel recommencement. Métro, boulot, dodo. La routine quotidienne d’un travailleur ressemble à un jour sans fin. On sait quand ça commence, jamais quand ça se termine. Pour peu que les bouchons s’étirent sur le bitume et qu’un train en retard en cache un autre. De précieuses minutes qui s’envolent, puis une heure partie dans le vent, et c’est toute la journée qui déraille. Il faut rattraper le temps perdu, encore et toujours. Avec si peu à gagner au bout de cette course infernale.
Tandis que des pays voisins estiment primordial de faire durer l’effort – à défaut du plaisir – jusqu’à l’épuisement, le Luxembourg réfléchit à d’autres manières de mettre à profit le temps professionnel. Ici, en effet, d’aucuns commencent à comprendre la nécessité de bosser davantage différemment que plus longtemps. Un investissement immédiat à consentir certes, mais un investissement payant pour l’avenir. À l’instar de la société Flibco, la première à se lancer dans une nouvelle aventure. Depuis un mois, l’entreprise de transport teste la semaine de quatre jours. Sans impacter le montant du bulletin de paie, ni le solde de congés. Si les employés se prêtent bien volontiers à l’expérience inédite dans le pays, leurs dirigeants sont déjà convaincus des bénéfices qui en seront retirés à terme.
Plus grand monde n’a envie de passer sa vie à trimer, en faisant le tour du cadran. À s’agiter tôt le matin, s’affoler tard le soir. À mordre sur ses moments de répit et de repos pour engloutir un labeur toujours plus dur. À s’user jusqu’à la corde. Nombreux sont ceux aussi qui semblaient s’épanouir à la tâche et n’y trouvent plus leur compte aujourd’hui. Qu’importe même le salaire, parfois. Le bien-être n’a pas de prix, on l’a presque oublié. Rien ne justifie de sacrifier son existence pour remplir les caisses de sa boîte. C’est une évidence. Mais pas la règle, dans la culture managériale actuelle.
L’opportunité du télétravail, qui aurait pu être pérennisé dans bien des secteurs d’activité après la pandémie, a clairement été manquée. Si l’on veut tenir la cadence, il va falloir retrouver la valeur inestimable du temps. Cela ne vaut pas le coût de gâcher celui qu’il nous reste.
Alexandra Parachini