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Du sexe sur commande

Le nombre de signalements d’images pédopornographiques a quadruplé au Luxembourg en l’espace de trois ans. Une augmentation exponentielle qui inquiète les autorités dont les moyens sont insuffisants pour contrer ce phénomène qui ne touche pas uniquement notre petit Grand-Duché. Selon une étude récente du New York Times, il y a dix ans, moins d’un million de contenus pédopornographiques circulaient sur internet. Aujourd’hui, on en dénombre 45 millions rien qu’aux États-Unis. Les géants du net, premiers pare-feux à ces contenus, semblent plus préoccupés par les discours de haine, la propagande terroriste et les tétons féminins que par leur vitesse de prolifération.

La pédopornographie n’est certes pas récente, mais la multiplication des supports numériques permettant les visionnages et le stockage de ce type de contenus a facilité cette pratique. Les contenus sont plus faciles à cacher des autorités et de ses proches que des VHS ou des cartes postales. L’avancée des technologies et le concours de quelques as en la matière permettent de contourner aisément les systèmes de sécurité mis en place. Sans compter le «dark web» ou le «deep web» où tout est permis et où l’abject peut s’acheter facilement.

Dans la clandestinité la plus totale, cachés derrière un écran d’ordinateur ou de smartphone, des adultes, parfois des parents, des éducateurs sportifs ou autres, bien au chaud calés dans un fauteuil confortable «commandent» des actes sexuels ou de torture sur des mineurs à l’autre bout du monde. Certaines séances, grâce aux réseaux sociaux, ont lieu en direct. Les sens sont excités. Ces scènes ne peuvent qu’inspirer un profond dégoût, puis une pensée pour tous ces enfants dont les noms ont fait la Une des journaux, tombés dans les filets de réseaux pédophiles. Ces «modèles» malgré eux pour pervers et malades sexuels. À ces vies brisées, à cette souffrance endurée dont les pédophiles se moquent allègrement.

Sophie Kieffer