Une fois n’est pas coutume, parlons un peu de la Grèce dans ces colonnes. Que le lecteur se rassure, il ne s’agit pas ici d’une énième opinion sur la crise actuelle entre Athènes et ses créanciers. Il n’est pas question dans ces quelques lignes de fustiger les positions des uns et des autres, il sera bien temps de faire le bilan plus tard.
Non, revenons plutôt sur un vote du Parlement grec qui a fait peu de bruit dans l’actualité, passant presque inaperçu. Le 24 juin, les députés ont voté la loi permettant aux enfants d’immigrés qui sont nés et ont grandi en Grèce d’obtenir la nationalité grecque. Jusqu’à présent, l’accès à la nationalité grecque était strictement réglementé, le tout reposant essentiellement sur le droit du sang.
Et alors? S’exclameront certains. C’est assez anecdotique, non? Dans le contexte européen actuel, loin de là. On ne peut que tirer un coup de chapeau aux «gauchistes» de Syriza ainsi qu’aux députés du Pasok (socialiste) et du parti de centre gauche Potami qui ont voté cette loi.
Dans un pays au bord du chaos, où un parti néonazi (Aube dorée) figure en bonne place au Parlement, réaliser cette ouverture à l’autre, à celui qui est différent – la plupart des immigrés en Grèce sont originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient – afin de lui permettre d’obtenir les mêmes droits témoigne de ce qui manque cruellement actuellement aux dirigeants européens : une certaine forme de courage politique.
Dans la plupart des pays européens, les questions identitaires et de nationalité cristallisent les tensions, parmi la classe politique et aussi dans la population. Souvenons-nous des débats houleux suscités par le référendum sur le droit de vote des étrangers dans notre riche Grand-Duché. Autre exemple, chez nos voisins français, Nicolas Sarkozy a carrément proposé de remettre en cause le droit du sol, pilier de la République.
Ce vote n’est donc pas anecdotique. Il redonne à la politique une certaine forme de noblesse. Non, elle n’est pas uniquement synonyme de corruption, de conflit d’intérêts et d’austérité, elle peut aussi être un outil de progrès.
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)