Le Premier ministre aurait-il retrouvé son appétit pour en découdre avec les syndicats et le patronat? En tout cas, Xavier Bettel met enfin en perspective une tripartite pour la mi-juillet. Ces dernières semaines, il a évoqué qu’il ne servirait à rien d’inviter les partenaires sociaux pour se contenter de «boire du café et manger du gâteau».
Aujourd’hui, la crise économique qui se profile à l’horizon semble être jugée assez grave pour faire cesser les réunions informelles et séparées avec les deux camps.
Lors de son arrivée au pouvoir en décembre 2013, le gouvernement inédit formé par le DP, le LSAP et déi gréng avait clamé haut et fort le besoin de relancer un véritable dialogue social. Le recours au format tripartite a cependant rapidement montré ses limites. L’échec en 2011 des dernières véritables négociations entre gouvernement, patronat et syndicats avait laissé des traces profondes. Depuis lors, les positions maximalistes ont dominé.
La solution privilégiée par le Premier ministre était alors de miser sur des bipartites, réunissant à tour de rôle syndicats et patronat. Le plan d’épargne de 2014 a pu être légèrement désamorcé. En avril 2015, la réforme du congé parental a même été validée dans le format tripartite. L’ambition de retourner à un dialogue social plus durable s’est toutefois soldée par un échec.
Aujourd’hui, Xavier Bettel et son équipe gouvernementale se trouvent à la croisée des chemins. Malgré l’ampleur de la crise multiple provoquée par le coronavirus, le Premier ministre a longtemps hésité à consulter les partenaires sociaux. Un second échange bipartite est prévu pour demain. Il s’agira d’en profiter pour défricher le terrain en vue d’une véritable tripartite. La paix et la cohésion sociale sont en jeu. Gouvernement, syndicats et patronat doivent en avoir conscience. Il faudra finir par remplacer le café et le gâteau par de l’eau à mettre dans son vin afin d’aboutir à un plan de relance cohérent et équitable.
David Marques