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Drone de guerre

L’objet, véritable révolution qui a connu un succès fulgurant depuis le début des années 2010, est désormais regardé avec une certaine suspicion. Les drones, ceux-là mêmes qui sont posés dans les vitrines de nos magasins d’électroniques, inquiètent. Lorsque la mode a décollé, et que la réglementation était inexistante, les appareils faisaient rêver et les aficionados des prises de vues aériennes ou des photos à couper le souffle s’en sont donné à cœur joie. Ils opéraient un peu partout, dans nos villes et campagnes, sans trop se soucier des remontrances. Désormais, le monde a évolué, comme la loi. Et ces petits appareils avec ses hélices rigolotes inquiètent aujourd’hui les autorités.

Tout a changé lorsque sont apparus sur de nombreuses vidéos ces drones, vendus dans le commerce, subitement transformés en appareils kamikazes bourrés d’explosifs ou modifiés en bombardiers. Ces appareils sont peu chers et peuvent faire un maximum de dégâts, même sur un blindé coûtant des millions de dollars ou de roubles. Ces drones d’un nouveau genre ont été entraperçus durant la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en 2020 puis dévoilés au grand jour durant le conflit entre la Russie et l’Ukraine. C’est un changement de paradigme. En Occident, les stratégies militaires intègrent avec précipitation cette nouvelle arme qui s’est imposée sur le champ de bataille. L’armée luxembourgeoise, qui a déjà des drones de surveillance militaire, s’est même dotée de fusils destinés à brouiller le signal de ces drones envoyés par l’ennemi et à les neutraliser.

Mais, il n’y a pas que les militaires qui sont concernés. C’est maintenant aussi notre ciel qu’il s’agit de protéger, car ces jouets volants, anodins il y a quelques années, sont devenus des menaces qui planent au-dessus des grands événements organisés à travers le globe. Lors de la Coupe du monde de rugby qui s’est déroulée en France en septembre et en octobre, une vingtaine de drones «malveillants», selon les autorités, ont été neutralisés. Les Jeux olympiques seront organisés l’année prochaine à Paris et la menace est prise très au sérieux. Espérons d’ici là que des esprits tordus ne transformeront pas d’autres objets de loisirs en arme mortelle.