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Drôles de produits locaux

Le tabac est une affaire qui marche au Luxembourg. Les députés membres de la commission des Finances ont pu découvrir, vendredi, les bons chiffres de ce «secteur économique». Ils donnent le vertige : cette année, 4,9 milliards de cigarettes seront vendues au Luxembourg selon les prévisions… et la plupart du temps à des étrangers. Moins de 5 % de ces clopes sont en effet consommées par les résidents. Serait-ce la faute des frontaliers bien trop stressés qui consommeraient des camions entiers de cigarettes chaque année? Non, il faut chercher ailleurs les raisons de cet engouement pour le tabac grand-ducal.

Le pays alimente en nicotine toute la Grande Région et au-delà. Le passage au Luxembourg est, par exemple, pour les Français devenu un réflexe, une habitude. Il faut dire que de l’autre côté de la frontière, un paquet coûte deux fois plus cher. Pauvres fumeurs. Le calcul est vite fait. Alors, on prend quelques cartouches pour soi ou pour ses proches lorsque l’on fait le plein à une station-service. Encore une fois, devant les ventes annoncées, difficile d’imaginer que c’est seulement cette consommation transfrontalière qui permet d’arriver à ces chiffres astronomiques.

Les cabinets médicaux tout comme les hôpitaux seraient remplis de malades des sous-sols au grenier chez nos voisins. Les premiers éléments de réponse se trouvent bien souvent dans les pages faits divers du Républicain lorrain ou d’autres journaux régionaux édités dans de lointaines et pittoresques régions françaises. Les articles évoquant des Français au volant de camionnettes remplies de cartouches de cigarettes luxembourgeoises sont devenus très fréquents. Les douaniers s’en donnent à cœur joie, mais cela ne suffit pas à freiner les plus téméraires, bien décidés à se transformer en revendeurs illégaux. Ceci dit, il y a encore un point positif pour le pays : le nation branding fonctionne ici très bien.

Le Luxembourg, au fil des articles, semble être un paradis des fumeurs où la politique de prix concernant le tabac est restée bloquée au XXe siècle… tout ça pour augmenter les recettes de l’État. À quand une politique sérieuse contre le tabac?