Plateaux télés, interviews dans la presse, «tractage» sur les marchés, affiches, meeting de soutien prévu ce week-end à Paris, appel à des manifestations… le Rassemblement national multiplie les initiatives pour dire sa colère après la condamnation par la justice de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité de cinq ans. Cette décision empêcherait la cheffe du parti d’extrême droite de se présenter à la prochaine élection présidentielle en 2027. Depuis, elle et son parti se démènent pour tenter d’avancer le procès d’appel qui se profile. Selon les délais habituels, ce nouvel épisode judiciaire débuterait dans deux ans juste avant la campagne. Afin de ne pas alterner meetings politiques et présence dans le prétoire, Marine Le Pen appelle ses sympathisants à faire pression pour accélérer le temps judiciaire.
Mais ce n’est pas tout. Évidemment, après cette condamnation pour détournement d’argent des caisses de l’Union européenne au bénéfice de son parti (via des emplois fictifs d’assistants parlementaires européens), les cadres du Rassemblement national crient au procès politique. On pointe du doigt cette longue peine d’inéligibilité, les juges forcément acquis à la cause macroniste ou, pire, considérés comme «rouges». Les magistrats ont d’ailleurs été placés sous protection policière devant les menaces qui pleuvent sur les réseaux. La logique est claire pour ses camarades : on ne veut pas que Marine Le Pen se présente et qu’elle puisse devenir présidente de la France. La condamnation a une odeur de complot, c’est une vengeance du «système», car la victoire lui était promise. C’est certain. Le plus frappant, c’est que plus personne ne rappelle pourquoi la cheffe du RN et sa clique ont été condamnées. Ce n’est même pas l’histoire du détournement qui est remis en cause, mais simplement la peine. Curieux. Le discours est simple : on est coupable, mais, s’il vous plaît, que la peine soit moins lourde. Incroyable pour un parti qui hurle au laxisme de la justice française tous les quatre matins. Même la peine de deux ans de prison ferme de Marine Le Pen a complètement disparu des débats. Il faut dire qu’elle purgera la peine discrètement avec un bracelet électronique au pied.