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Droit dans ses bottes

Depuis ses débuts comme ministre des Affaires étrangères, le 31 juillet 2004, Jean Asselborn n’avait certainement encore jamais passé autant de temps au Luxembourg. À part une récente escale en Espagne et au Portugal et quelques réunions européennes à Bruxelles et Berlin, le chef de la diplomatie luxembourgeoise est cloîtré dans son bureau. Il n’a pas perdu pour autant sa passion pour la politique internationale. L’Union européenne, le respect de l’état de droit et une politique migratoire humaine lui tiennent toujours à cœur. Même si la pandémie a changé la donne, Jean Asselborn reste droit dans ses bottes et continue de défendre bec et ongles ses convictions. Son style parfois déroutant lui a d’ailleurs valu courant octobre une motion de censure introduite par l’ADR, rejetée par l’ensemble des 56 autres députés de la Chambre.

Malgré son expérience et sa renommée sur le parquet diplomatique, Jean Asselborn a dû assister impuissant à la fermeture des frontières en mars dernier. Tout à coup, le petit Grand-Duché s’est retrouvé isolé. Le combat le plus dur de la diplomatie grand-ducale en cette année 2020 a donc eu lieu à ses propres frontières. Malgré la réconciliation célébrée en grande pompe le 16 mai dernier avec son homologue allemand à Schengen, la libre circulation au sein de la Grande Région reste très fragile. À quoi va ressembler le monde post-Covid, mais aussi post-Trump et post-Brexit ? Le Luxembourg va tout tenter pour continuer de peser et défendre les valeurs fondamentales. Avant de viser à intégrer à nouveau les hautes instances de l’ONU, dont le Conseil de sécurité en 2031, le Grand-Duché doit encore accomplir des devoirs à domicile. Le Greco, le groupe d’États contre la corruption du Conseil de l’Europe, fustige dans son dernier rapport le projet de révision de la Constitution, qui ne prévoit plus stricto sensu l’indépendance de la justice. Un bras de fer politique entre le CSV et la majorité se trouve à l’origine de cet imbroglio, qui risque de nuire à l’image du Luxembourg. Pour rester à son tour droite dans ses bottes, la Chambre devra très bien réfléchir à la voie qu’elle compte emprunter.

David Marques