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Douloureux coup de frein

L’ombre de l’accident ferroviaire de Zoufftgen de 2006 a immédiatement plané hier matin après l’annonce d’une nouvelle tragédie sur le rail luxembourgeois. Dix ans après le drame survenu à moins de deux kilomètres du choc frontal de mardi, une nouvelle collision entre un train de marchandises et un train de voyageurs s’est produit.

Une très malheureuse succession d’erreurs humaines était à l’origine de l’accident ferroviaire de Zoufftgen, qui est resté gravé dans les mémoires. Suffisamment gravé dans les mémoires? C’est la question qui se pose aujourd’hui.

S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, de nombreuses questions se posent. Une harmonisation des systèmes de sécurité sur les réseaux ferroviaires lorrain et luxembourgeois est prête depuis octobre dernier. Il aura quand même fallu attendre dix ans pour y parvenir. Mais on n’est pas encore arrivé au bout du tunnel. Si les CFL ont affirmé mardi que tout était prêt de leur côté, une homologation fait encore défaut du côté français.

Dans l’attente de la mise en place du système harmonisé, baptisé ETCS, d’autres dispositifs de sécurité, interconnectés selon les officiels, restent en place. Le fait qu’aucun signal d’alarme n’ait été donné mardi est donc d’autant plus interpellant. Ainsi la collision a pris au dépourvu le poste directeur de Bettembourg, mis au courant par la police qu’un accident venait de survenir dans sa zone de surveillance.

L’enquête devra désormais définir les raisons de ce nouveau drame. Aussi tragique soit-il, cet accident constitue aussi un douloureux coup de frein dans l’élan du ministre François Bausch, qui multiplie les initiatives pour valoriser les transports publics. Un des objectifs majeurs reste une meilleure gestion des flux de travailleurs sans asphyxier les réseaux de transport du Grand-Duché.

Ces derniers mois, les incidents se sont succédé sur la ligne ferroviaire vers la France. Il s’agissait d’un rappel du besoin de moderniser les infrastructures. L’accident de mardi est venu confirmer cette impression d’une manière bien plus tragique. Il est temps de redoubler d’efforts.

David Marques