Double langage

L’heure est bientôt au choix pour les Français, qui devront décider s’ils accordent une majorité absolue au Rassemblement national afin qu’il applique son programme. La stratégie de dédiabolisation mise en œuvre par le parti d’extrême droite a fonctionné. Ses ténors ont bien appris la leçon et répètent à l’envi qu’ils sont simplement de «droite» ou «conservateurs». Certains osent expliquer qu’ils sont gaullistes. Nous ne sommes pas à une contradiction près quand on connaît les racines de ce parti. Mais le naturel revient au galop. Une des propositions qui seront appliquées, si le RN arrive au pouvoir, sera d’exclure les binationaux de certaines fonctions dites «sensibles». Jordan Bardella a expliqué qu’un certain nombre d’emplois stratégiques dans les secteurs notamment liés à la sécurité et à la défense pourraient leur être barrés. L’objectif : éviter une ingérence étrangère. De quoi donner un coup de couteau de plus à la République. Le parti d’extrême droite, une fois au pouvoir, va donc choisir qui sont les bons Français en qui on peut avoir confiance et les autres Français qui osent avoir une autre nationalité et seront l’objet de méfiance et suspicion. Ces derniers sont peut-être en effet des traîtres à leur patrie? Des personnes qui ne sont pas dévouées corps et âme au drapeau tricolore, car ils ont un deuxième passeport. L’idée du RN résonne d’une drôle de manière au Luxembourg.

Mais le Rassemblement national fera peut-être des exceptions. Tamara Volokhova, qui est haut placée au RN, est une Franco-Russe conseillère au groupe Identité et Démocratie au Parlement européen. Elle représente le parti d’extrême droite à la commission des Affaires étrangères sur… les questions de sécurité et de défense. Elle est même soupçonnée par les services secrets français, selon la presse hexagonale, d’espionner pour le Kremlin. Elle a en effet accès à des réunions à huis clos concernant les actions en cours en Ukraine et l’aide apportée à Kiev. On imagine que tous ces détails arrivent donc directement sur le bureau du Kremlin grâce au Rassemblement national. Question patriotisme, on a vu mieux. Ça frise même la collaboration… Mais ça, c’est dans l’ADN du parti.