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Double crise sociale

La pauvreté est inacceptable», clame le ministre des Finances, Gilles Roth. Il répète la volonté du gouvernement de «lutter résolument» contre ce phénomène qui guette près d’un habitant sur cinq (18,1 %), soit 122 600 personnes. Le Panorama social, présenté hier par la Chambre des salariés (CSL), souligne une nouvelle fois l’urgence d’agir. Mais le constat demeure que, malgré les initiatives louables prises par le CSV et le DP, aucune amélioration de la situation ne se profile à l’horizon.

Quelques chiffres illustrent que le Luxembourg est un pays moins riche qu’on pourrait le penser. Les revenus d’un salarié sur sept (13,4 %) sont insuffisants pour les protéger de la pauvreté. En 2024, le revenu généré par les 20 % des résidents les plus riches était près de cinq fois supérieur à celui des 20 % les plus pauvres. La CSL fulmine : malgré le «dynamisme économique positif», le pays peine toujours autant à réduire «significativement» les inégalités sociales et les situations de précarité.

Avec grande impatience est attendu le plan national de lutte contre la pauvreté, annoncé une première fois au printemps 2024. Pour réduire plus spécifiquement le risque de pauvreté, l’État compte débloquer 3,3 milliards d’euros en 2026. Depuis le début de son mandat, le gouvernement a entrepris bon nombre d’actions pour venir en aide aux plus vulnérables, parmi lesquelles l’exonération d’impôt du salaire social minimum, des crédits d’impôt pour les monoparentaux et une hausse de l’allocation de vie chère. Sans que ces mesures aient un impact réel. Une cause : le manque de logements à prix abordable.

Au moins, les transferts sociaux restent à un niveau élevé. Sans cette enveloppe de 15 milliards d’euros, le risque de pauvreté dépasserait les 40 %. La CSL alerte toutefois sur le fait que leur impact tendrait vers le bas. Un paquet comprenant une revalorisation du salaire minimum est peut-être nécessaire. Les discussions sur la directive européenne forçant les États membres à agir sur ce plan sont cependant au point mort. Le ministre du Travail, Georges Mischo, tente de renouer, sans succès, la confiance avec les syndicats. Le Luxembourg se voit donc confronté à une double crise sociale, provoquée par la rupture du dialogue tripartite et une pauvreté intolérable.