Les États-Unis traversent une époque où les fondements mêmes de leur démocratie sont mis à l’épreuve. Non pas dans les urnes ou les rues, mais au cœur de leurs bibliothèques, dans l’enceinte de leurs amphithéâtres. L’offensive lancée par l’administration Trump contre l’université de Harvard, fleuron de l’excellence académique mondiale, marque une nouvelle étape dans l’érosion des libertés fondamentales outre-Atlantique.

En révoquant la certification qui permet à Harvard d’accueillir des étudiants internationaux, sous prétexte de «non-coopération administrative», le gouvernement Trump ne sanctionne pas une infraction : il punit une désobéissance. L’université est accusée, en creux, d’abriter des voix critiques, des engagements étudiants jugés dérangeants et de refuser de transformer sa mission éducative en instrument au service du pouvoir.

L’enjeu dépasse de loin les murs de Cambridge. L’association étudiante luxembourgeoise ACEL a en effet mis en garde les étudiants grand-ducaux contre le fait d’aller étudier aux États-Unis. «Le risque de perdre sa place en cours d’études et de devoir se réorienter est trop grand», a témoigné Laurent Schengen, vice-président de l’organisation. Qui ne mentionne pas uniquement Harvard, mais toutes les universités du pays. Elles «risquent de se voir couper leurs financements si elles proposent des cursus qui déplaisent à la Maison-Blanche», craint-il.

Devoir tenir un tel discours en 2025 est tout simplement absurde. Trump n’hésite pas ici à toucher à la liberté académique, au droit d’enseigner, d’apprendre et de penser sans craindre la censure ou la punition. Après les droits des femmes, les immigrés, voilà qu’il s’attaque à sa propre élite intellectuelle.

Que cherche le président américain? Depuis son investiture en janvier dernier, il n’a de cesse de vouloir isoler les États-Unis du reste du monde. Face à cette dérive, la réponse de Harvard (saisir la justice, défendre ses principes) est plus qu’un acte de résistance : c’est une leçon, un rappel que la vérité, la science et la pensée critique n’ont pas de frontière. Elles doivent, au contraire, toujours rester libres.