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Dix ans plus tard…

Le 2 juillet 2014, la chambre criminelle avait suspendu, après 177 audiences, le procès du Bommeleeër qui s’était ouvert le 25 février 2013. Sur le banc des prévenus, on retrouvait deux anciens membres de la Brigade mobile de la gendarmerie (BMG), accusés d’avoir fait partie des poseurs de bombes à l’origine d’une série d’attentats qui ont terrorisé le pays dans les années 80.

Un peu plus de dix ans après la suspension de ce procès hors norme, la justice vient d’annoncer le renvoi devant une chambre criminelle de huit autres personnes, cinq anciens dirigeants de la gendarmerie, un ancien membre de la BMG et deux anciens enquêteurs. Leurs inculpations ne se trouvent toutefois pas en relation avec les attentats aux explosifs à proprement parler. Ce sont «seulement» des faux témoignages présumés qui vont se trouver au centre d’un second procès dans cette affaire. Tous avaient été mis à mal lors de leurs auditions durant le premier procès.

Au départ, le juge d’instruction estimait que les cinq anciens dirigeants étaient à considérer comme de potentiels coauteurs ou complices de six attentats perpétrés de novembre 1985 à mars 1986. Les attaques n’auraient pas pu être rendues possibles sans «l(a) protection, l(e) conseil et l(a) direction» de ces agents chevronnés. En dernière instance, avant le renvoi devant une chambre criminelle, les éléments n’ont pas été jugés suffisants pour les faire également répondre de tentative d’homicide, coups et blessures volontaires ou encore incendie criminel.

La question qui se pose désormais est de savoir si ce coup de pression judiciaire permettra de faire enfin toute la lumière dans cette affaire. Ou autrement formulé : la chape de plomb va-t-elle enfin sauter? Au fil de décennies d’enquêtes et lors des deux années de procès, il s’est confirmé que certaines personnes (hautement placées?) mettaient tout en œuvre pour que l’identité des Bommeleeër ne soit pas dévoilée. Il n’est pas sûr que l’on se rapprochera de la vérité dans un second procès. Il reste aussi à savoir quel sort sera réservé aux deux premiers prévenus, qui restent les seuls à être poursuivis pour avoir posé des bombes.

Justice devra enfin être rendue, que ce soit dans l’un ou l’autre sens.