Accueil | Editoriaux | Division interdite

Division interdite

L’OGBL ne cesse de le clamer. Le petit Luxembourg aurait tout intérêt à se doter d’un syndicat unique. La campagne pour les élections sociales est, en effet, venue confirmer que les divergences entre les deux grands syndicats, en l’occurrence l’OGBL et le LCGB, sont minimes. Il en va de même pour l’ALEBA, qui tente désormais de brasser plus large. «Ne jouez plus jamais avec l’index» : la phrase balancée par Roberto Mendolia, le président du syndicat historique de la place financière, pourrait tout aussi bien être signée Nora Back, la présidente de l’OGBL, ou Patrick Dury, son homologue du LCGB.

Le maintien de l’indexation des salaires et pensions est un des dénominateurs communs majeurs entre les syndicats luxembourgeois. Ils sont neuf à s’être présentés aux élections sociales, dont six qui visent à siéger à la Chambre des salariés (CSL). Même le «couteau planté dans le dos» de l’OGBL (dixit Nora Back) par le LCGB et la CGFP – lors de la tripartite de mars 2021 – n’a pas mené à un divorce syndical. À l’époque, le premier syndicat du pays était le seul à s’opposer au report de huit mois de l’index, en dépit d’une compensation financière profitant en premier lieu aux plus petits salaires. Isolé, l’OGBL est sorti renforcé du bras de fer engagé avec le gouvernement Bettel. Le Premier ministre libéral est finalement revenu, à l’automne 2022, sur la décision prise 18 mois plus tôt.

Mais cette «vache sacrée» du modèle luxembourgeois, reposant sur le dialogue entre gouvernement, syndicats et patronat, n’est pas le seul trait d’union qui lie le monde syndical. Sont également à citer la défense des pensions, tout comme la lutte contre la pauvreté ou la mobilisation pour augmenter la couverture des salariés par une convention collective.

Très tôt, l’OGBL et, dans une moindre mesure, le LCGB et la CGFP ont fustigé le virage conservateur-libéral qui s’annonce sous le nouveau gouvernement. Les défis et enjeux sont nombreux, avec en tête la réforme des pensions et une menace potentielle qui pèserait sur l’index. À défaut d’un syndicat unique, les représentants du salariat ont tout intérêt à ne pas se laisser diviser. Un front syndical uni est indispensable pour former un solide contrepoids face au gouvernement et au patronat.