Les cours d’autodéfense pour femmes cartonnent dans le monde entier, et le Luxembourg n’est pas en reste. À l’occasion de l’Orange Week cette année, la ville d’Esch-sur-Alzette a proposé quatre modules 100 % féminin, d’une heure trente, avec un ancien judoka professionnel. Un format qui a tellement séduit que la commune a dû refuser des personnes et s’engage déjà à reproduire ce même modèle l’an prochain.
Mais faut-il vraiment s’en réjouir ? Toutes ces femmes ont un point commun : elles veulent apprendre à se défendre en cas d’agression. Qu’elles aient déjà été victimes ou non. Parce qu’être une femme, c’est vivre avec la peur, là, dans un coin de sa tête, en permanence. C’est serrer fort les clés de son appartement dans la poche de son manteau lorsque l’on rentre tard le soir. Observer son environnement en permanence. Baisser la tête et feindre de ne pas entendre les insultes sur sa route.
Certaines ont donc décidé de dire stop à tout ça, et d’apprendre des gestes techniques pour ne plus se laisser faire. Pour rendre les coups. Faire peur à leur tour. Après tout, pourquoi ce serait aux femmes «d’éviter de sortir tard le soir», «de se mettre dans une situation de danger»? N’avons-nous pas le droit de rentrer chez nous après minuit en toute quiétude? Pourquoi nos filles, nos mères, nos sœurs, ressentent-elles ce besoin d’apprendre à se défendre? Parce que nos fils, pères et frères ne sont pas éduqués, scandent des associations féministes.
C’est un slogan qui revient régulièrement dans les manifestations, depuis la vague du mouvement MeToo : «Éduquez vos fils au lieu de protéger vos filles». L’éducation est en effet un puissant levier. Pour former une nouvelle génération sensibilisée à toutes ces questions, il faut pouvoir changer les mentalités, les attitudes et les normes. Aborder, dès le plus jeune âge, les sujets du consentement, du respect et des émotions. Et ne pas les réserver qu’aux filles. Montrer aussi la voie aux petits garçons.
Leur prouver qu’un homme peut être empathique, respectueux, attentionné et qu’il n’a pas à se conformer à des stéréotypes réducteurs. Et ainsi leur offrir la possibilité de devenir des adultes responsables, conscients de l’impact de leurs actes.