C’est l’été, vous avez remarqué ? Le mercure ne peut pas dire le contraire, il monte, il monte. Et avec cette belle saison survient un phénomène étonnant, toujours au rendez-vous, ponctuel comme peu le sont, et pourtant toujours déstabilisant : le monde ralentit.
En tout cas, la perception que l’on peut avoir de celui-ci. Les informations semblent plus rares, la réalité plus distante. Une dimension particulière, un univers parallèle ?
Une certaine conception du temps de nos sociétés qui ont établi, pleines de subjectivité et de certitudes, qu’avec la hausse des températures venait l’occasion de décrocher. Une tendance générale, médiatique, économique, politique, qui laisse un répit fragile, le temps que la belle saison se déploie.
Alors, la présidence de l’Union européenne par le Luxembourg, débutée le 1er juillet, cesse au mois d’août, même si, en coulisses, on continue à s’affairer. Les gouvernements européens sont en vacances et, comble du comble, la crise grecque, cette terrible crise grecque qui menace de faire vaciller le modèle d’exemplarité économique qu’est l’Europe, peut attendre. Aux réunions incessantes, aux culs-de-sac permanents succède une accalmie trompeuse. Car la frénésie saura reprendre de plus belle, dès la rentrée, décrétée unanimement, pour le mois de septembre.
Alors, tout est calme et tranquille ? Détrompez-vous. L’été est aussi une saison comme les autres. Le monde continue à tourner et ceux qui aimeraient qu’il ralentisse en sont souvent pour leurs frais. C’est l’été et les migrants continuent à se noyer en Méditerranée. Les guerres à faire des victimes innocentes et le monde à s’emballer des soubresauts de ses folies.
Mais c’est l’été. Alors, on essaie de ne pas trop y penser, de ne pas trop le montrer. L’heure est à l’oubli. Profitez-en, la rentrée approche à grands pas. La société du spectacle va bientôt reprendre de plus belle. Et la parenthèse enchantée se refermer. Car neuf mois par an, ce n’est malheureusement pas l’été.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)