Comme pour tout sondage, il faut analyser avec précaution les résultats de la dernière «Sonndesfro» de RTL et du Wort, cette enquête semestrielle qui donne un aperçu de l’ambiance politique au Luxembourg. Cela vaut plus particulièrement pour les soutiens exprimés aux différents partis, où la marge d’erreur – pouvant atteindre 2,3 % –, est souvent supérieure aux différences de score par rapport aux résultats réels des dernières élections. Mais, malgré tout, il est intéressant de noter que les électeurs interrogés accordent une bonne note au gouvernement, en fonction depuis novembre 2023. Si les citoyens étaient appelés aux urnes dimanche, le CSV resterait le plus fort parti avec 21 sièges (inchangé) et 29,1 % des suffrages (-0,8 point par rapport aux législatives). Son partenaire de coalition DP confirmerait ses 14 sièges et signerait même, avec 21 % (+1,8 points), un meilleur score qu’en 2023.
C’est donc un Premier ministre conforté qui devrait se présenter cet après-midi devant la Chambre pour présenter sa deuxième déclaration sur l’état de la Nation. Au-delà du soutien populaire, Luc Frieden peut miser sur une croissance économique estimée à 2,5 % pour cette année 2025 (contre 1 % en 2024) et un taux d’inflation qui devrait rester inférieur au seuil critique de 2 %. Par contre, la croissance de l’emploi devrait rester limitée à 1 %, tandis que le taux de chômage se stabilise à 5,9 %. En parallèle, les finances publiques sont solides, avec un déficit qui se limite finalement à 99 millions d’euros pour l’État central. À la fin du premier trimestre 2025, le budget présente un excédent de 337 millions d’euros.
Cette «pomme pour la soif», encore provisoire, sera bien nécessaire pour aborder les énormes défis qui se présentent, avec une hausse à plus court terme de l’effort de défense, qui devra a priori être porté au-delà de 1,5 milliard d’euros par an, ainsi que le financement de la réforme des pensions et de la réforme fiscale. S’y ajoutent un climat social très tendu, un rebond sur le marché du logement qui reste timide et un plan de lutte contre la pauvreté qui a pris un important retard. Les chiffres plus positifs qui encadrent le grand oral du Premier ministre sont donc aussi à relativiser.