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Deux décisions défavorables

Les justices de deux pays ont rendu mardi des décisions défavorables à la liberté d’informer et plus largement à la liberté d’expression. À Metz, le journaliste Édouard Perrin, qui assignait PWC Luxembourg en référé pour une ordonnance ayant violé la protection des sources des journalistes, a été débouté de sa demande et condamné à verser 3 000 euros au puissant cabinet de services financiers.

À Londres, la justice a maintenu le mandat d’arrêt visant le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, réfugié à l’ambassade d’Équateur de la capitale britannique depuis près de six ans.

A priori, peu de points communs lient ces deux affaires, ne serait-ce que par leur retentissement médiatique mais aussi par les procédures mises en œuvre.

À Metz, le journaliste était à l’offensive contre une société qui avait fait de l’évasion fiscale un juteux business au service de multinationales. À Londres, c’est le rouleau compresseur de la justice d’un État qui se dresse contre un pionnier des révélations big data, visant des secrets militaires et diplomatiques.

Mais dans les deux cas, la justice semble avoir agi par l’absurde. À Metz, elle nie l’évidence qui a permis d’apporter illégalement la preuve matérielle d’une relation entre un lanceur d’alerte et un journaliste, qui a ensuite été poursuivi devant les tribunaux pour le simple fait d’avoir fait son travail. À Londres, elle maintient un mandat d’arrêt pour une plainte pour viol pourtant classée sans suite.

Dans les deux cas, c’est la transparence qui est attaquée. Édouard Perrin est coupable d’avoir levé le voile sur des pratiques profondément injustes en ce qu’elles creusent des inégalités toujours plus criantes. Julian Assange a pour sa part dévoilé d’insupportables secrets jetant une lumière crue sur la violence d’État. Chacun, à sa manière, a dévoilé l’hypocrisie des discours officiels. Chacun, à sa manière, a divulgué ce que les puissants ne veulent pas voir porté à la connaissance du public, à savoir qu’ils agissent plus souvent dans leur propre intérêt que dans l’intérêt général qu’ils prétendent pourtant servir.

Fabien Grasser