Le fond de l’air ne sent pas très bon, dans le monde merveilleux des pétitionnaires en tout genre. À chaque réunion de la commission en charge d’examiner les demandes de dépôt de pétition publique, les textes se montrent de plus en plus nombreux à stigmatiser l’autre, à prôner le repli identitaire.
Pas plus tard que jeudi, plusieurs demandes pour le moins étonnantes de la part d’un peuple qui vit au cœur de l’Europe, où les frontaliers participent activement aux systèmes de cotisation retraite ou santé, ont fait surface. Comme si, à l’heure où la solidarité est urgente, certains habitants du pays le plus riche du monde avaient envie de quitter la partie.
L’idée d’un péage pour les véhicules immatriculés à l’étranger serait bien une première, même si elle a été envisagée par l’Allemagne. Comme si la sacro-sainte plaque jaune était une sorte de laissez-passer quand bien des salariés du Luxembourg arborent des immatriculations allemandes, belges ou françaises. Et qu’ils paient bien leurs impôts, tout ou partie, au Grand-Duché.
L’idée d’une langue obligatoire sur les radios renferme elle des relents d’un autre temps sur lesquels il convient de ne pas trop s’attarder. Cette pétition a d’ailleurs été rejetée car ses implications dépassent sans doute les ambitions de ceux qui l’ont déposée.
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Tout comme celles de la pétition demandant la baisse des allocations des demandeurs d’asile, dans une très saine optique de créer une société encore plus inégalitaire qu’elle n’est. Les députés ne s’y sont pas attardés, à raison. Quant à la volonté d’effacer le nom de Napoléon des textes du pays pour le remplacer par celui de Jean l’Aveugle, c’est donner peu de poids à l’histoire, celle qui a fait l’Europe et les frontières actuelles.
Reste une autre pétition, ou plutôt une contre-pétition, celle qui demande que le luxembourgeois ne devienne pas la langue administrative et judiciaire, et qui vise à contrer la pétition qui a recueilli près de 15 000 signatures. Dans un sens ou dans l’autre, cette tentation de la confrontation et de la méfiance ne sert qu’à cultiver des antagonismes qui gangrènent une société.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)
Et par ses fréquentes prises de position méprisantes par rapport à la langue luxembourgeoise, le Quotidien contribue aussi à la culture des antagonismes qui gangrènent la société…