Le calendrier a voulu que les trois anciens membres de la coalition gouvernementale et les deux nouveaux présentent dans un délai d’une semaine, et à tour de rôle, leurs bilans parlementaires respectifs. Le LSAP et déi gréng, restés à quai après les élections législatives de 2023, ont ouvert le bal. Le DP, leur partenaire de longue date, a été le troisième à se présenter devant la presse, avant que le CSV ne referme la marche vendredi.
Que retenir de cette passe d’armes estivale? En soi, rien de surprenant avec des piques lancées dans tous les sens. Les socialistes reprochent au gouvernement conservateur-libéral des «débuts chaotiques». L’exécutif appliquerait «une idéologie conservatrice-libérale qui est très dangereuse pour la cohésion sociale». Le discours des écologistes est semblable avec la crainte d’un «déséquilibre social approfondi». Les plus démunis, les jeunes et la planète seraient les perdants d’une politique proposant des solutions «simplistes et superficielles».
Dans leur riposte, les libéraux ont souligné leur volonté de mener une politique sociale et climatique «ambitieuse», sans oublier de doper la croissance économique. Cette approche «sociale et libérale» est vue d’un œil plutôt critique par les anciens alliés LSAP et déi gréng. D’ailleurs, les langues sont en train de se délier plus facilement parmi les deux partis qui se retrouvent désormais opposés au DP. Trouver le bon équilibre n’est cependant pas évident. Car, comme l’a rappelé l’ancienne ministre socialiste Taina Bofferding, une très large majorité de projets de loi votés depuis novembre par la Chambre sont encore l’œuvre de la coalition tricolore.
Globalement, on peut attribuer une note satisfaisante aux anciens partis du gouvernement, ayant dès le départ accepté leur sort pour miser sur un travail d’opposition constructif. CSV et DP doivent apparemment encore mieux accorder leurs violons. Marc Spautz, le chef de file des chrétiens-sociaux à la Chambre, a créé une petite surprise vendredi en affirmant que l’entente et le travail entre les deux formations de la nouvelle coalition restent encore à parfaire. A priori rien de dramatique, mais il s’agit en fin de compte de l’un des effets de l’inversion des rôles actée après le scrutin d’octobre 2023.