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Des réfugiés à la peine

Il s’agit d’un exemple parmi d’autres qui témoignent de l’accueil défaillant de réfugiés. Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU demande au Luxembourg la suspension immédiate du renvoi d’une famille syrienne vers la Grèce. «C’est l’une des premières fois où le comité de l’ONU intervient. Ce n’est pas quelque chose qui est vraiment ancré dans les pratiques au Luxembourg. Mais c’était l’un des derniers recours de la famille», explique dans nos colonnes Marion Dubois, directrice de l’ASBL Passerell, en charge des droits des demandeurs d’asile et réfugiés au Grand-Duché.

Le recours introduit offre dans un premier temps un sursis jusqu’en 2025 à cette famille, ayant d’abord fui la Syrie, puis la Grèce. Elle y avait pourtant obtenu le statut de réfugié. Mais, ni les soins de santé, ni les conditions de vie en général n’étaient suffisamment assurés à ses yeux. Les autorités helléniques ont certainement une part de responsabilité. On ne peut cependant pas les blâmer entièrement pour ces manquements. Le manque de solidarité entre les pays de l’UE, dont certains peinent toujours autant à venir en aide aux États en première ligne face aux afflux de réfugiés constitue une des principales raisons de l’absence d’une prise en charge digne de personnes en grande détresse.

Partant de ce constat, il est difficile d’imaginer en quoi le pacte de l’UE sur la migration et l’asile, arraché en mai dernier, va permettre d’améliorer la situation. Les États membres qui refusent d’accueillir sur leur territoire des réfugiés arrivés en Grèce ou en Italie peuvent se dédouaner en versant de l’argent dans un fonds de solidarité. Le risque est réel que rien ne change pour les pays déjà submergés par les flux de migrants. Une des conséquences est que l’Italie est sur le point d’externaliser les procédures d’asile en Albanie. Près de 36 000 personnes par an, interceptées et secourues devant les côtes italiennes, sont censées être envoyées dans des centres fermés.

La Grèce, l’Autriche, la Pologne ou encore le Danemark se disent intéressés à s’engager sur une voie semblable. En soi, il s’agit de la transposition anticipée du filtrage aux frontières extérieures de l’UE, ancré dans le pacte migratoire. Le manque de refuges continuera de s’accroître.