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Des lâches et surtout des héros

Toute crise, on l’a vu durant la pandémie, révèle les lâches. Quand viennent les heures sombres, les couards ne se camouflent plus sous des jours respectables. Ne nous attardons pas davantage sur ceux-là. Car dans toute crise – plus que jamais en temps de guerre – émergent surtout des héros inattendus.

Les Ukrainiens, qui ont pour beaucoup choisi la résistance. Des femmes et des hommes ordinaires enfilent le treillis et empoignent le destin de la nation. Seulement armés de leur courage, ils repoussent les chars siglés d’un Z, comme Zapad. L’Ouest, en russe. Ce président Zelensky, aussi, qu’on raillait sur son passé de comique. Devenu chef de guerre du jour au lendemain, le chef de l’État n’est plus un rigolo. Ce maire de Kiev, encore, capitale cernée par les blindés et bientôt assiégée. Du K.-O. au chaos, Vitali Klitschko ne prend plus de gants mais les armes au poing. L’ancien boxeur n’hésitera pas à monter au front. Ce sera le combat de sa vie. Aux abris, ces citoyens retranchés dans des parkings ou entassés sur les quais de métro. Sous la menace qui tombe d’un ciel crachant ses pluies de roquettes. Unis dans l’angoisse, mais certainement pas dans la résignation. Il y a ces ambassadeurs étrangers, restés sur le terrain pour aider leurs ressortissants à regagner leurs terres natales. Tandis que d’autres expatriés refusent d’abandonner leur terre d’adoption.

N’oublions pas les alliés occidentaux, lesquels, pour la première fois, organisent une riposte unanime, rapide et crédible. Saluons par ailleurs les initiatives louables du monde sportif, qui bannit le royaume du tsar. Autant d’exemples pour nourrir l’espoir d’enrayer la folie furieuse, la folie des grandeurs du despote. Remarquons enfin, c’est si rare, l’attitude du Premier ministre hongrois. Son pays «acceptera et défendra toutes les décisions européennes», a déclaré Viktor Orbán, pro-Poutine assumé. D’habitude plus prompt à engager le bras de fer avec Bruxelles qu’à lui tendre la main. À bafouer les droits fondamentaux plutôt qu’à montrer visage humain. À dérouler les barbelés sur des kilomètres plutôt qu’à ouvrir ses frontières. Au pied du mur, quand le rideau de fer commence à se refermer, les individualismes réalisent qu’il y a bien plus à gagner en livrant bataille ensemble.

Alexandra Parachini