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Des étoiles bien pâles

« Deux étoiles menaçantes scintillent au-dessus de notre présidence  : le Grexit et le Brexit.» Cette phrase sortie de L’Interview du lundi que le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, nous accorde dans cette édition résume à elle seule l’important enjeu que constitue la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE qui débutera mercredi.

Le projet de paix et de solidarité qu’est l’Union européenne se trouve dans un état calamiteux. Le sommet des chefs d’État et de gouvernement de jeudi et vendredi à Bruxelles n’a pas réussi à poser une nouvelle base, plus sereine, pour une Europe trop amorphe depuis de longues années.

Le sort de la Grèce a ainsi été refilé aux ministres des Finances de la zone euro et le scénario catastrophe d’une sortie du pays hellénique de la monnaie unique européenne a continué de se concrétiser pendant le week-end. Demain, la Grèce sera virtuellement en faillite. Mais Athènes reste décidé à jouer son va-tout et ne compte pas se laisser faire par une UE où la solidarité fait de plus en plus défaut.

La perte de l’esprit solidaire est encore plus criante dans la question de la répartition équitable des migrants entre les 28  pays membres de l’UE. «Beaucoup de choses ont été cassées jeudi à Bruxelles. Il sera très difficile de les réparer», dit Jean Asselborn en flinguant l’attitude d’une large partie des chefs d’État et de gouvernement. Une très lourde tâche attend désormais le Luxembourg dans ce dossier. Plus que jamais, la capacité et la volonté de construire des ponts seront nécessaires pour trouver une «solution positive», comme le dit le chef de la diplomatie luxembourgeoise.

Un séisme grec et, à terme, aussi, une possible sortie du Royaume-Uni de l’UE  – qui pendent au nez de la présidence luxembourgeoise  – font cependant que la marge de manœuvre sera très limitée. C’est donc par le chas de l’aiguille que ces lourds dossiers devront passer tout en essayant de redorer le blason d’une UE dont les étoiles du drapeau ne cessent plus de pâlir. Les six mois à venir seront décisifs pour éviter que le couperet ne tombe définitivement sur l’Europe.

David Marques