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Des contrôles absurdes  

Le Luxembourg compte une petite trentaine de passages frontaliers avec la Sarre et la Rhénanie-Palatinat. Pourtant, les fameux contrôles présentés comme une solution miracle pour endiguer l’immigration dite illégale se limitent aux axes autoroutiers en direction de Sarrebruck et de Trèves. Depuis un an, les 52 000 frontaliers allemands se voient confrontés à des embarras de circulation qui viennent s’ajouter aux «traditionnels» bouchons côté luxembourgeois. Pour quel résultat?

Le bilan est très maigre. Selon les derniers chiffres officiels, la police allemande a empêché, entre septembre 2024 et fin août 2025, plus de 4 200 tentatives d’entrée illégale aux points de contrôle avec la France et le Grand-Duché. La moyenne pointe donc à 350 interpellations par mois. Il est à saluer que 143 passeurs et plus de 500 personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt ont pu être interpellés. Mais, à l’image des migrants, les criminels un tant soit peu informés savent très bien comment contourner les contrôles. Il leur suffit, par exemple, de prendre la sortie vers Grevenmacher et de passer tranquillement le pont enjambant la Moselle pour rejoindre l’Allemagne. Les (rares) patrouilles effectuées dans la zone ne changent rien à cette première absurdité de ces contrôles frontaliers. Plus aberrant est le fait que la police allemande se contente d’escorter les migrants refoulés vers un passage frontalier avec le Luxembourg. «On informe la police grand-ducale. Si elle nous laisse le champ libre, on s’assure que la personne a passé la frontière. Mais je vous donne raison, elle pourrait, dans la foulée, tenter de passer par un autre passage pour entrer en Allemagne», admet un porte-parole de la police de Trèves, interrogé lundi par nos confrères sarrois de la chaîne SR. Près de 900 migrants ont ainsi été renvoyés vers le Grand-Duché.

A priori, les contrôles seront maintenus jusqu’à la mi-mars. Comme le rapportait hier l’agence de presse DPA, le gouvernement luxembourgeois a déposé un deuxième recours devant la Commission européenne, toujours muette sur la légalité et la pertinence de cette surveillance renforcée des frontières. Il est grand temps que Bruxelles tranche, car, en attendant, l’esprit de Schengen meurt tous les jours un peu plus…