Les appels du genre se sont multipliés depuis le début de la pandémie : cette crise sanitaire constitue une opportunité unique de transformer profondément nos économies et sociétés afin qu’elles deviennent plus durables. Un consensus sur cet ambitieux objectif s’est également dégagé mardi parmi les 60 élus que compte le Parlement luxembourgeois. Un consensus semblable, mais moins appuyé, était à déceler en début d’année pour enfin lancer un ambitieux plan pour atteindre d’ici 2050 la neutralité carbone avec à la clé un monde plus vert et plus durable. En cette période de crise, la hausse des accises, la transition vers une mobilité plus durable ou l’introduction d’une taxe carbone ont néanmoins disparu des radars.
Il a fallu attendre le débat de mardi sur les perspectives d’après-crise pour entendre des députés insister pour ne pas perdre de vue les objectifs climatiques. Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a même avancé qu’«il existe un large consensus sur la transition écologique. Du Mouvement écologique jusqu’à la Fedil (NDLR : fédération des industriels), on est tous d’accord pour dire que la relance économique ne pourra se faire qu’autour du « New Green Deal »». Mais des premières voix politiques et économiques appellent déjà à repousser les mesures climatiques afin de laisser souffler les entreprises et citoyens, lourdement touchés par la crise du Covid-19.
Vers où se dirige donc le petit Grand-Duché et avec lui l’Europe et le reste du monde ? Au vu des réticences qui bloquent depuis des décennies la transition écologique, il est difficile d’imaginer que le coronavirus va réellement permettre de remettre en question la consommation excessive, la course aux profits et l’exploitation des ressources naturelles. Une fois l’onde de choc passée, les vieux réflexes risquent de rapidement reprendre le dessus. C’est au plus tard à ce moment que gouvernements, députés et autres acteurs, plaidant tous pour changer le monde, devront rendre des comptes.
David Marques