La faim est en légère baisse dans le monde. Faut-il s’en réjouir ? La réponse est non. Car, même si un pourcentage moins élevé de la population mondiale – 8,2 % en 2024, contre 8,5 % en 2023 et 8,7 % en 2022 – souffre de sous-alimentation, les chiffres absolus demeurent misérables. Selon l’ONU, 673 millions de personnes ne disposent pas de suffisamment d’aliments pour mener une vie saine.
Ces chiffres tombent en pleine catastrophe humanitaire à Gaza. Les images d’enfants très amaigris nous rappellent que la faim est une crise que l’humanité n’est pas prête à résoudre. On a tendance à fermer les yeux, ici, dans un pays comme le Luxembourg, comptant parmi les plus riches au monde. Et pourtant, il ne faut pas aller chercher bien loin pour trouver des enfants confrontés à la pauvreté. Pour rappel, ils sont 25 % à grandir dans des conditions matérielles difficiles. Bon nombre d’entre eux bénéficient des repas scolaires pour manger sainement, au moins une fois par jour.
Les Nations unies se sont fixé l’ambitieux objectif d’éradiquer la faim d’ici à 2030. L’échec est d’ores et déjà assuré. Sur les 512 millions de personnes susceptibles de souffrir de sous-alimentation chronique d’ici à 2030, près de 60 % se trouveront en Afrique, indique le rapport annuel des Nations unies sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. «La faim demeure à des niveaux alarmants, et pourtant les financements nécessaires pour y faire face diminuent de 40 % cette année, ce qui signifie que des dizaines de millions de personnes perdront la planche de salut que nous leur fournissons», fustige Cindy McCain, la directrice exécutive du Programme alimentaire mondial.
Et que font les dirigeants politiques ? Ils ont plus d’aisance à débloquer des sommes astronomiques pour investir dans la défense que de consacrer le minimum absolu de 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à la coopération avec des pays sous-développés. L’un ne doit pas exclure l’autre. A priori, le Grand-Duché ne compte pas toucher à son engagement de contribuer à hauteur de 1 % du RNB à l’aide publique au développement, afin de financer les milliards d’euros destinés à augmenter sensiblement l’effort de défense. Toute autre décision serait honteuse.