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Des chiffres implacables

Le texte de réforme de la Constitution ne peut être plus clair. Le futur article 42 indique que «l’État veille à ce que toute personne puisse vivre dignement et disposer d’un logement approprié».

Dans la réalité, ce droit fondamental est loin d’être assuré. La semaine dernière, le Statec a annoncé que le Luxembourg a un besoin annuel en nouveaux logements qui varie entre 5600 et 7500 unités. En fonction de la croissance du PIB, le nombre de ménages devrait passer de 253000 actuellement à une fourchette située entre 462000 et 539000 à l’horizon 2060.

En fonction de l’évolution du PIB, entre 234000 et 324000 nouveaux logements devraient donc sortir de terre. Avec la livraison actuelle de quelque 3200 unités par an, la situation sur le marché immobilier devrait encore se détériorer, du moins pour les citoyens. Au plus tard avec cette projection, le gouvernement doit s’activer avec plus de conséquence pour mobiliser les terrains, détenus en grand nombre par des magnats de l’immobilier. Si le droit à la propriété doit rester garanti, il faut néanmoins lutter plus activement contre la spéculation.

Comme l’a encore rappelé samedi le président de l’OGBL, André Roeltgen, des mesures comme une hausse de l’impôt foncier doivent avoir raison de la spéculation, qui se fait sur le dos des simples salariés. Leurs revenus ne peuvent en effet plus suivre l’explosion continue des prix pour se loger. Entre 2005 et 2017, les prix de vente pour un appartement et une maison ont augmenté respectivement de 65 % et 53%. Les prix à la location ont augmenté de 48 % et 32%. Dans le même temps, les revenus n’ont progressé que de 31% (bas salaires), 34% (salaires moyens) et 39% (hauts salaires). Cette équation n’est donc pas à résoudre. Et celle concernant la hausse tant attendue de l’impôt foncier est encore loin d’être résolue. Ces dernières années, les gouvernements se sont cassé les dents sur cette réforme. Pour respecter la nouvelle Constitution, l’action est plus que jamais urgente.

David Marques