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Dérèglement avancé

Depuis quelques heures, on respire un peu mieux. En l’espace d’une nuit, celle de mardi à hier, la pluie a refait son apparition et les températures ont chuté d’une dizaine de degrés au Grand-Duché. Cette accalmie météorologique ne doit pas occulter les faits. La canicule a fait et continue de faire des dégâts ici et ailleurs : des morts dans toute l’Europe à cause de la chaleur, des incendies ravageurs en Californie (plus de 117 000 hectares sont partis en fumée, un record), des feux au Portugal et en Espagne, celui de Schlindermanderscheid vendredi dernier (14 hectares de forêt brûlés), une tonne de poissons retrouvés morts dans le Rhin dans le nord de la Suisse, certaines récoltes menacées à cause de la sécheresse à travers toute l’Europe… Et on en oublie sûrement.
Dire que ces phénomènes sont inhabituels est malheureusement faux. Ils deviennent de plus en plus la norme au fil des ans. Ils démontrent un triste constat : la Terre se réchauffe et le climat se dérègle. À la vitesse grand V à en croire certains chercheurs. Dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), les scientifiques de l’université de Copenhague, de l’Université nationale australienne et de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique en Allemagne préviennent que si les calottes polaires continuent de fondre, les forêts d’être décimées et les émissions de gaz à effet de serre de battre chaque année des records, la Terre va franchir un point de rupture et devenir à certains endroits une étuve inhabitable. Et selon eux, ce point de rupture sera atteint quand la température de la Terre sera supérieure de 2 degrés à celle de l’ère préindustrielle. Elle l’est déjà d’un degré et continue d’augmenter à un rythme de 0,17 degré par décennie. Il est donc grand temps de changer notre mode de vie individuellement et collectivement. Comment? En remplaçant les énergies fossiles par des énergies à faibles émissions de CO2, en arrêtant la déforestation, en gérant mieux les sols, en prônant de meilleures pratiques agricoles… Il y a urgence.

Guillaume Chassaing