Le conseil communal de la Ville de Luxembourg du lundi 27 mars risque d’être animé. La coalition DP-CSV à la tête de l’Hôtel de ville souhaite interdire la mendicité de 7 h à 22 h dans les parcs et sur les places publiques de la capitale, ainsi que dans un certain nombre de rues. Des rues principalement situées en Ville-Haute, mais aussi dans le quartier Gare. Les réactions outrées n’ont pas tardé à se multiplier… les encouragements aussi.
Il faut dire, quand même, que ces mendiants qui se trouvent dans les rues de la capitale cassent l’ambiance commerciale de la Ville tellement ils gênent ceux qui vont faire leurs emplettes dans les magasins de la Ville-Haute et de la Gare. Sans parler du choc que peuvent avoir les touristes en découvrant ces pauvres, assis par terre, réclamant quelques centimes dans leur chapeau ou leur récipient à des points de passage très fréquentés. Pas très glamour tout ça. Et que dire de ceux qui tendent la main aux feux rouges pour un peu de monnaie ? Ont-ils pensé à la mobilité de la capitale? Ils doivent donc tous déguerpir. Mais où ? À Bonnevoie ? À Merl-Belair ? Au Grund ? À Clausen ? À Gasperich ? Au Kirchberg ? Beaucoup plus loin ? Du côté de Schlindermanderscheid ?
La mendicité agressive fait débat dans la capitale depuis de nombreuses années. Il est évident qu’elle pose problème et provoque un sentiment d’insécurité. Des mesures ont été prises pour l’endiguer et doivent apparemment être renforcées. Oui, il y a aussi des groupes qui peuvent s’organiser pour profiter de la générosité des passants. Mais de là à se lancer dans une chasse à tous les mendiants dans certains lieux de la capitale, il y a quand même une marge. Et qui va appliquer ce futur règlement ? Qui va-t-on appeler lorsque quelqu’un aura repéré une personne réclamant une pièce ou une cigarette dans la rue Philippe-II ? Faudra-t-il hurler «mendiant! mendiant!» en le pointant du doigt pour alerter un employé communal de la Ville ? Y aura-t-il une hot-line pour dénoncer discrètement un passant au comportement suspect ou une personne qui a osé s’asseoir un peu trop près d’une vitrine ? Nous marchons sur la tête. Comment peut-on oser vouloir gommer des êtres humains du paysage pour avoir une belle carte postale ?
Il est simplement honteux qu’une société riche comme le Luxembourg pense devoir se « protéger » contre le fait qu’elle marginalise des êtres humains. C’est une politique d’autruche. Est-ce qu’on pense éliminer la pauvreté en éloignant les pauvres?