L’info n’a pas cassé trois pattes aux canards internationaux. Elle n’est pourtant pas dénuée d’intérêt. Donald Trump réclamant un report de l’élection présidentielle américaine, c’est une première. Dans un tweet, jeudi dernier, le président a estimé que le vote par correspondance – privilégié par de nombreux États pour limiter la propagation du Covid-19 – aboutira à «l’élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l’Histoire». En bon père de la nation, le docteur Trump préconise donc «de reporter l’élection jusqu’à ce que les gens puissent voter normalement, en toute sécurité».
Comprendre : quand les États-Unis auront dégoté l’antidote tant convoité qui permettra d’éradiquer ce maudit «virus chinois», comme aime à le qualifier le 45e locataire de la Maison-Blanche. Vaccin trouvé, scrutin remporté à coup sûr. Ce ne sera pour autant pas le remède aux maux d’une Amérique à la santé précaire, étouffant sous ses violences policières. Pour un président sous hydroxychloroquine, l’urgence est toutefois ailleurs : faire rapidement passer la pilule de sa gestion chaotique de l’épidémie, quand déjà plus de 150 000 de ses compatriotes l’ont payé de leur vie.
Car en quatre ans, c’est bien la première fois que l’inébranlable colosse se montre fébrile. Jusque-là, rien ne l’a jamais fait vaciller. Ni les accusations à la pelle d’agressions sexuelles ni les soupçons répétés de collusion à l’étranger. Encore moins la parution de nombreux bouquins, bourrés de révélations explosives. Et le procès en destitution intenté par le camp démocrate a fait «pschitt», comme disent les initiés.
Reste que Trump, qui ne manque jamais d’air, commencerait à se dégonfler. Au point, donc, de vouloir reculer l’échéance des urnes. Il y a encore six mois, il aurait raflé la mise haut la main. C’est moins certain aujourd’hui même si rien n’est perdu pour le roi du bluff, qui fait mentir les pronostics comme personne. Ne vendons donc pas la peau de l’ours mal léché si vite.
Alexandra Parachini