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Décriminaliser d’urgence

La question suscite le débat et le suscitera pour bien longtemps encore. Car quelle que soit la politique menée en matière de drogues, celle-ci aura toujours ses avantages et ses inconvénients.

En effet, la solution miracle n’existe probablement pas. Pourtant, la drogue existera toujours. Il ne faut pas se voiler la face : la drogue est une réalité qui est inhérente à nos sociétés. Bien trop souvent critiqué, le modèle luxembourgeois en la matière est cependant à saluer, en partie du moins. Le travail exceptionnel réalisé au quotidien par tous les acteurs (sociaux, médicaux…) œuvrant dans le cadre de la prise en charge et du soutien des toxicodépendants s’avère primordial, humaniste et surtout… vital ! Parce que le toxicomane reste avant toute chose un être humain qui est malade.

Un élément du modèle luxembourgeois est cependant perfectible : c’est l’approche légale. Il ne s’agit pas dans ces lignes de vouloir prôner une légalisation des drogues dures (à l’image de ce qui est annoncé pour le cannabis), loin de là ! En fait, il s’agirait plutôt de rendre le modèle actuel davantage logique et, donc, moins paradoxal voire hypocrite.

Car si le toxicomane peut se shooter ou fumer du crack en toute impunité, et en toute sécurité, au sein des structures Abrigado Luxembourg et Contact Esch, il serait temps, dans un État qui se veut moderne comme le Luxembourg, que décideurs politiques et justice se penchent sérieusement sur une réforme du modèle qui irait dans le sens d’une décriminalisation. En effet, l’usager de l’une de ces structures n’est jamais à l’abri d’un contrôle de police et d’une fouille corporelle sur le trottoir d’en face. Et cela, avec toutes les conséquences judiciaires qui en découlent, notamment en cas de récidive.

Certes, s’il faut continuer le combat contre les dealers et s’il existera toujours des brebis galeuses parmi les toxicomanes, il serait bien plus humain, dans un État comme le Luxembourg, d’enfin remédier à ce genre de situation complètement aberrante et cela pourrait passer par la décriminalisation.

Claude Damiani