Le Luxembourg est connu à l’étranger pour sa place financière, mais également pour être le premier pays au monde à rendre gratuits, dans un avenir proche (mars 2020), tous les transports en commun ou encore pour s’être positionné à l’avant-garde dans le domaine de l’exploitation des ressources spatiales.
Poussé par sa devise commerciale « Let’s make it happen » (faisons en sorte que cela arrive), le Luxembourg s’est tourné vers l’avenir, l’innovation, la modernité, le digital. Reflet d’un petit pays ayant su se réinventer au fil des décennies, l’histoire économique luxembourgeoise montre comment le Grand-Duché est passé d’un pays pauvre tourné vers l’agriculture à la sidérurgie, puis à la finance, à la diversification économique et enfin à la transformation digitale et l’innovation technologique devant donner naissance à une « start-up nation ».
Mais à force de fixer l’avenir, on pourrait en oublier le passé. Ce passé, comme la sidérurgie, qui a permis de financer le passage d’une époque à une autre.
Exemple criant : les effectifs d’ArcelorMittal, très longtemps premier employeur privé du pays, ont diminué de 41,7 % en dix ans, passant de 6 540 salariés en 2009 à 3 810 personnes en 2019. C’est d’ailleurs la seule entreprise du top 10 des employeurs luxembourgeois à connaître une baisse du nombre de ses salariés.
Cette chute est évidemment préoccupante, notamment pour l’avenir des salariés de la sidérurgie au Luxembourg. S’il est facile de parler de déclin du secteur sidérurgique et de tirer la sonnette d’alarme, il faut également s’interroger sur la transformation du travail d’un secteur si spécifique attaché à son savoir-faire et à une histoire particulière avec les racines du pays.
Aujourd’hui cette chute des effectifs permet également de souligner qu’avec moins de personnel le géant de la sidérurgie arrive à faire un acier plus complexe, plus technologique qu’autrefois, tout en étant plus propre et plus responsable et en usant moins le corps et la chair des salariés. C’est peut-être là que réside la modernité, là où d’autres voient un déclin.
Jeremy Zabatta