Harvey Weinstein à peine condamné que la famille des prédateurs sexuels hollywoodiens tremble. Si pour certains c’est la débandade, d’autres persistent, signent et se serrent les coudes avec le graveleux producteur. Le ténor Placido Domingo a changé de partition en plaidant hier coupable d’avoir agressé sexuellement des femmes avant que la justice ne le rattrape. Il leur présente même «des excuses pour la souffrance qu’il leur a causée». Il aurait «pris le temps de réfléchir ces derniers mois». On y croit à moitié. Le procès Weinstein et surtout sa condamnation à 25 ans de prison ferme mettent fin à une forme d’impunité. Reste à savoir si le message sous-jacent a bien été compris par ceux qui ne connaissent pas la définition des expressions «abus de pouvoir» et «consentement mutuel». Comme Bill Cosby, drogueur compulsif et impénitent, qui a fait savoir depuis sa cellule de prison par son porte-parole qu’il dénonçait le système judiciaire américain et le mouvement #MeToo, tout en suggérant qu’Harvey Weinstein est innocent ou a été jugé injustement. Le procès en appel nous le dira.
Les femmes se congratulent d’avoir envoyé le producteur de 67 ans croupir derrière les barreaux, même si Harvey Weinstein n’a pas été reconnu comme un prédateur sexuel par le jury, ce qui lui aurait valu la perpétuité. Le procès – premier du genre – a caractère d’exemple et d’avertissement pour tous les «porcs» qui n’ont pas été balancés. Il doit aussi initier une réflexion sur les rapports entre les hommes et les femmes, sur les limites acceptables.
Entre féminicides et droit de cuissage moderne, certains spécimens de sexe masculin semblent peu enclins à lâcher de leur prétendu pouvoir, à moins d’avoir la tête sur le billot. Une révolution est en marche. Prochain arrêt, la salle Pleyel ce vendredi soir pour demander la tête de Polanski. D’autres suivront sans doute. Sans vouloir réduire les hommes en esclavage, les femmes ne se contentent plus d’être belles et de se taire.
Sophie Kieffer