Petite dose rapide de popularité. Candidat à sa réélection l’an prochain, Joe Biden tente de marquer les esprits et des points. En déplacement à Philadelphie, il y a quelques jours, le président a promis de «restaurer le rêve américain». Par une économie florissante, une réindustrialisation vertueuse, un nouveau souffle sur l’emploi. Difficile de ne pas y voir une réinterprétation du «Make America great again» de son prédécesseur et probable rival en 2024.
Mais qui rêve encore de l’Amérique? Sûrement pas ses citoyens étranglés par l’inflation qui les plonge dans une précarité abyssale. Nombreux sont ceux qui sont aujourd’hui chassés de leur habitation, faute de pouvoir payer des assurances dont les primes de risque ont flambé à cause du réchauffement climatique. Certains renoncent à protéger leur toit, croisant les doigts et priant le ciel pour qu’aucune tuile ne leur tombe sur la tête.
Les plus désœuvrés d’une société malade de ses excès s’abandonnent à des drogues dévastatrices, histoire d’échapper au cauchemar le temps d’un bad trip. Accros à la «zombie drug», un shoot de fentanyl et xylazine qui assomme ces morts-vivants aux chairs nécrosées.
Et les femmes, elles rêvent de quoi? De retrouver leurs droits fondamentaux, la peur et la rage au ventre de devoir subir une grossesse contrainte. À l’image de cette Texane, récemment forcée d’accoucher d’un enfant atteint d’anencéphalie, une malformation du crâne et du cerveau qui le condamnait à mort dès la naissance. En dépit des exceptions pour raisons médicales, définies de manière bien trop floue. De quoi dissuader les médecins de pratiquer un avortement qui pourrait leur coûter de lourdes amendes et jusqu’à… 99 ans de prison.
Quant aux minorités, brutalisées par les discriminations, la haine et les violences meurtrières, elles aspirent seulement à un monde libre et meilleur. Celui dont Joe Biden s’imagine être le leader incontestable. Le seul élu capable de sauver la nation. Il a le droit, lui aussi, de rêver. Il est surtout l’heure de se réveiller : il est davantage un dealer de faux espoirs et ne fait qu’injecter de profondes désillusions dans la réalité. Les chimères, comme les vœux pieux, n’endorment plus le peuple autant que les opiacés.
Alexandra Parachini