Adopter rapidement le PNR, le registre européen des passagers aériens, renforcer en urgence la surveillance d’internet, mieux contrôler les frontières extérieures de l’UE : voici des pistes de lutte contre le terrorisme avancées par les dirigeants politiques européens depuis les attaques de Bruxelles. Autant de durcissements qui, en l’espèce, n’auraient sans doute rien empêché, car elles sont dilatoires.
Le registre européen des passagers ? Aucun des terroristes de Paris ou Bruxelles n’a pris l’avion pour se rendre sur les lieux des attentats. Et sans même disposer de registre, les services de renseignement savaient tout des déplacements aériens effectués ces dernières années par les terroristes dans leur périple vers la Syrie ou d’autres édens jihadistes. Quant à la surveillance généralisée de nos communications électroniques, il n’est pas sérieux de penser que c’est en espionnant les conversations ou les courriels de nos grands-tantes que l’on arrêtera l’État islamique.
La quasi-totalité des terroristes sont connus des services pour leur radicalisation ou leur appartenance au grand banditisme. Pourtant, l’on échoue à surveiller ces quelques milliers de jihadistes confirmés ou en devenir. Comment dès lors tenir efficacement à l’œil onze millions de Belges, 60 millions de Français ou 500 millions d’Européens ? Quant au verrouillage des frontières extérieures de l’UE, la question est presque absurde, les auteurs des attentats depuis Charlie étant nés ou ayant grandi en France ou en Belgique.
Mardi, le ministre français de l’Intérieur a bien évoqué une lutte mieux coordonnée contre le trafic d’armes au niveau européen, tandis que d’autres préconisent l’adoption d’un document d’identité unique pour l’UE afin de mieux lutter contre la falsification. Rien de vraiment neuf. Pourtant, cela fait parfois des années que les discussions sont engagées sur ces sujets concrets, mais elles s’enlisent dans des tergiversations sans fin autour de détails insignifiants. Elles constituent pourtant un véritable enjeu sécuritaire face aux attentats téléguidés par Daech. La volonté politique d’aboutir fait défaut.
Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)