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De Varsovie à Rome

Le tapis rouge avait été déroulé jeudi et vendredi pour les chefs d’État et de gouvernement. Malheureusement, le premier sommet organisé dans le tout nouveau bâtiment du Conseil européen n’a pas permis à l’UE d’avancer dans son renouveau. Vendredi, après un nouveau sommet assez houleux, les divisions au sein de la famille européenne persistent en effet.

Jeudi, en ouverture du sommet de Printemps, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait pourtant tenté de positiver. Les bons chiffres économiques enregistrés par les membres de l’UE devaient en effet démontrer aux citoyens que le changement de cap porte ses fruits. La fin de la politique d’austérité a en effet fait place à une plus importante politique d’investissement avec à la clé un nombre record d’Européens qui ont un emploi et une reprise de la croissance économique dans l’ensemble des pays de l’UE. «Ce sont les premières bonnes nouvelles depuis longtemps», avait d’ailleurs souligné Jean-Claude Juncker.

À ce moment, ce message positif était cependant déjà noyé par l’attitude de la Pologne, qui, vexée par la réélection sans son accord de Donald Tusk à la tête du Conseil européen, avait décidé de bloquer les conclusions du sommet. Finalement, les pays-membres ont été obligés de se contenter de simples conclusions du président du Conseil, qui n’ont pas la même valeur juridique que les décisions formelles prises à l’unanimité.

L’attitude de la Pologne démontre une nouvelle fois que l’UE n’est plus capable d’avancer dans la même direction. Après le Brexit, les 27 États-membres restants avaient pourtant souligné le besoin de relancer le projet européen, au plus tard lors des festivités pour le 60e anniversaire du Traité de Rome. À quelques semaines de ce rendez-vous, les divisions restent cependant importantes. La solution de passer à une Europe à plusieurs vitesses, privilégiée notamment par le Luxembourg, a créé aussi son lot de critiques vendredi. Après le couac provoqué par Varsovie, il faudra rapidement redresser la barre en vue du rendez-vous de Rome.

David Marques