Emmanuel Macron «a fait un très beau discours» sur l’environnement, mardi à l’ONU, reconnaît l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot. «La question c’est : est-ce qu’on est cohérent?», ajoute l’élu français pour qui ces belles paroles se heurtent à l’entrée en vigueur aujourd’hui du CETA, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada. Selon un rapport commandé par Paris, il sera désastreux pour l’environnement dans l’UE, notamment parce que les Canadiens pourront imposer aux Européens leur passion des énergies fossiles.
Mercredi dernier, à Strasbourg, Jean-Claude Juncker aussi a prononcé «un très beau discours» devant les eurodéputés. Le président de la Commission y a esquissé une Union pour ainsi dire idéale, accordant une place centrale au citoyen et à la démocratie. Sur les accords de libre-échange, il dit avoir entendu la colère des Européens. Il a assuré qu’à l’avenir, les accords seront négociés en toute transparence et ratifiés par les parlements nationaux et régionaux, parallèlement au Parlement européen.
Mais à la question «est ce qu’on est cohérent?» la réponse est : non, absolument pas. Moins de 24 heures après le «beau discours» du président de la Commission, la même Commission présentait un nouveau type d’accords commerciaux qui ne seront pas ratifiés par les parlements des États membres. L’entourloupe a été détaillée par la Commissaire au commerce, Cecilia Malmström : Bruxelles exclura des accords les très controversés tribunaux de règlement des litiges entre investisseurs et États qui nécessitent l’avis des États membres. Ces derniers n’auront pas plus leur mot à dire sur les normes environnementales et sanitaires incluses dans ces accords.
Tout est conforme aux textes et traités européens. Mais l’est-il avec l’esprit des propos généreux de Juncker? Cet art de faire le contraire de ce que l’on dit démontre un mépris profond des citoyens. Mercredi dernier à Strasbourg, le président de la Commission jouait au sauveur de l’Europe. Dans les faits, par son discours mensonger, il continue, avec d’autres, à en être un méticuleux fossoyeur.
Fabien Grasser